Ce moudjahid a été le compagnon d’armes de Abane Ramdane, des colonels Amar Ouamrane, Sadek Dehilès, M’hamed Bougara et beaucoup d’autres officiers de la Wilaya IV historique.
Depuis hier, Journée du savoir, l’Ecole supérieure des hautes études commerciales (HEC) porte désormais le nom du moudjahid Boualem Oussedik. Sur décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la grande école HEC implantée au pôle universitaire de Koléa, a été baptisée au nom de ce grand moudjahid, compagnon d’armes de Abane Ramdane, des colonels Amar Ouamrane, Sadek Dehilès, M’hamed Bougara et beaucoup d’autres officiers de la Wilaya IV historique.
La cérémonie, qui s’est déroulée au sein de cet antre du savoir, a été présidée par Mohamed Mebarki, ministre par intérim de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Etaient également présents Madjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’Ugta, les autorités locales, à leur tête le wali de Tipasa, ainsi que de nombreux moudjahidate et moudjahidine à l’image de Zohra Drif-Bitat et Lakhdar Bouregâa, entre autres.
La famille Oussedik était présente en nombre et un sentiment de fierté se lisait dans les yeux de chacun. De l’épouse du défunt moudjahid à son fils Karim qui prit la parole pour remercier le chef de l’Etat pour cette louable initiative, à Hamid, Azzedine, Mohand Saïd et Ryad, plusieurs générations des Oussedik étaient là. La cérémonie a été marquée par une grande émotion tout au long de sa durée. Selon le témoignage de sa famille, Boualem Oussedik, dont le nom de guerre était Boualem Taïbi, a été un héroïque officier de l’ALN. Ce patriote a porté l’Algérie dans son coeur et dans son corps jusqu’à son dernier souffle.
Il fait partie de ces héros ordinaires qui représentent ce qu’il y a de remarquable dans notre culture ancestrale, dans notre société: l’humilité dans l’existence, la sincérité et le courage dans l’action et le tout couronné par la solidarité et le respect des autres.
L’histoire de Boualem Oussedik commence à Sidi Namane, à quelques kilomètres de Tizi Ouzou, où il est né le 29 septembre1929. Homme de valeur et militant infatigable, il rejoint les rangs des combattants de la liberté, bien avant l’Appel de l’Ugema du 19 mai 1956.
Étudiant brillant et titulaire de plusieurs diplômes, il participe activement à la lutte de libération au sein de la Zone autonome d’Alger. Certains étudiants furent très tôt en contact avec l’organisation du FLN. À partir de mars 1955, Abane Ramdane constitue à Alger une sorte de «brain-trust» de la révolution. Il fait appel à certains étudiants déjà engagés dans la lutte.
L’on retrouve Boualem Oussedik, Mohamed Rachid Amara, homme de confiance de Abane, Mohammed Seddik Benyahia, président de la Section Ugema d’Alger, Allaoua Benbatouche, Lamine Khène et Saïd Hermouche. Responsable de la Zone autonome d’Alger, Ben M’hidi s’appuie sur les groupes Action et le réseau Bombes. Boualem Oussedik, puis Taleb Abderrahmane, furent des membres importants de ce réseau, le premier comme animateur politique du groupe de chimistes communistes, dont Daniel Timsilt, le second en tant que technicien des explosifs. Activement recherché par les services de sécurité français auxquels il réussit à échapper, Boualem quitte l’université à 22 ans, pour rejoindre le maquis.
Dès son arrivée à la Wilaya IV historique, le colonel Si Sadek le charge du service propagande. A l’exemple de Boualem et de ses compagnons, «convaincus qu’avec un diplôme en poche, ils ne feront pas de meilleurs cadavres», des centaines de lycéens et d’étudiants quittent, le 19 mai 1956, les bancs des lycées et des amphithéâtres pour prendre le chemin du maquis. Le capitaine Boualem (Taïbi) Oussedik va assurer durant la guerre de Libération nationale la direction du service Propagande et information de la Wilaya IV aux côtés du colonel M’hamed Bougara.
Il sera par la suite responsable du même service à la Zone autonome d’Alger avec le commandant Azzedine. Blessé sérieusement et à de nombreuses reprises, il gardera toujours une totale discrétion sur ses pénibles et héroïques épreuves. C’était un caractère sûr, un homme dévoué aux causes qu’il entendait défendre comme à ses amis. Boualem Oussedik sera ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) au Mali et en Suède.
Après l’Indépendance nationale, il occupera de nombreux postes dont celui de secrétaire général du ministère du Travail. Il sera également député à la première Assemblée nationale constituante. Cet infatigable militant était au service d’une seule cause que tous ses compagnons lui connaissaient: l’Algérie. Cet homme dont la vie se confond avec l’histoire du pays dont il incarne la longue lutte pour l’indépendance et la dignité sera arrêté en juillet 1964 et mis en résidence surveillée à Timimoun, malgré son immunité parlementaire. Boualem Oussedik nous a quittés le 27 novembre 2013 à l’âge de 85 ans et a rejoint sa dernière demeure à El Alia. «L’intello, le poète combattant, le journaliste-maquisard, la plume de Bouzegza, de Zbarbar, de Tiberguent, a quitté, en une froide et pluvieuse journée de novembre, sa famille et ses amis.» Désormais, son nom orne le fronton d’une grande école et ce n’est que justice.
Par cet acte, l’Algérie prouve qu’elle n’oublie pas ses enfants. Surtout les meilleurs.