“Si la Constitution n’est pas changée, la révolution n’aura servi à rien”, a-t-il soutenu.
Hend Sadi a animé avant-hier une conférence-débat ayant pour thème “Le Congrès de la Soummam et le contexte actuel en Algérie”.
Le conférencier a considéré que 63 ans après, le projet de la Soummam est plus que jamais d’actualité et que son retour aujourd’hui à travers les revendications de la rue traduit l’aspiration, longtemps étouffée, du peuple à la construction d’un État moderne comme cela a été projeté lors du Congrès de la Soummam.
“Le Congrès de la Soummam, à travers ses deux documents, à savoir le procès-verbal et la plateforme, a projeté la construction d’une république démocratique et sociale qui ne sera ni une monarchie ni inféodée au Caire, à Londres, à Moscou ou à Washington”, a rappelé Hend Sadi, expliquant que c’est justement cela qui a contrarié le président égyptien de l’époque, Nasser, qui est allé jusqu’à qualifier le Congrès de la Soummam “de plaie dans la nation arabe”. “Nasser tenait au projet d’une république arabe unie sous l’influence de l’Égypte et le Congrès de la Soummam est venu contrarier ce dessein”, a précisé l’invité de l’association Amnay Uvizar pour qui, bien sûr, il n’y a pas qu’en cela que la Soummam dérange.
Il y a aussi et surtout, a poursuivi Hend Sadi, les deux principes majeurs, à savoir la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur, mais il y a aussi celui de la séparation de la religion de l’État, de l’organisation de l’État, sachant que la Soummam a opté pour une décentralisation à travers un retour aux régions naturelles, et d’autres encore, comme la place de la femme et de l’éducation qui en découlent.
“Ce sont là les grands principes bafoués et vite enterrés à l’indépendance, et qui sont, aujourd’hui, en parfaite cohérence avec les revendications du peuple algérien qui sort chaque vendredi dans la rue”, a-t-il analysé non sans rappeler que les principes de la Soummam ont commencé à être remis en cause lors du CNRA tenu en Égypte où le rapport de force a basculé au profit des militaires et que s’en est suivi un long processus d’aliénation à l’indépendance qui a commencé par la Charte d’Alger et la Constitution de 63, et qui ont permis le basculement dans l’islamisme. À cela s’ajoute, a-t-il souligné, le fait que depuis 62, l’armée est devenue le pilier du système. “Cela est vérifiable à chaque crise. On tente à chaque fois de mettre une façade civile, mais après chaque crise, l’armée revient sur la scène pour occuper le rôle principal. On l’a vu en 62, on l’a vu à la mort de Boumediene en 79, puis en 89, en 92, et on le voit encore à présent puisque Gaïd Salah ne cache pas que c’est l’armée qui gouverne et que Bensalah n’est qu’un épouvantail qu’il n’a d’ailleurs pas hésité à désavouer lorsque des préalables au dialogue ont été posés et à chaque fois”, a analysé encore Hend Sadi, insistant pour dire que rien n’est encore acquis tant que la Constitution n’est pas changée. “Si la Constitution n’est pas changée, la révolution n’aura servi à rien”, dit-il.
À ceux qui se cachent aujourd’hui derrière “Novembria, Badissia”, Hend Sadi leur a d’emblée rappelé que “les oulémas étaient les derniers à rallier la révolution” et qu’il ne faut pas oublier que la déclaration du 1er Novembre, dont ils disent s’inspirer, est “un tract appelant à la guerre qui n’a fait objet ni de débat ni de discussions contrairement au Congrès de la Soummam”.