Hersh sape la version officielle américaine

Hersh sape la version officielle américaine

Seymour Hersh, grande figure du journalisme américain, affirme que l’administration Obama a donné une fausse histoire du déroulement de l’opération de l’exécution du fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden en mai 2011 au Pakistan, voir sur les conditions de sa présence au Pakistan auparavant.

Dans un long article publié dans la London Review of Books, le journaliste d’investigation Seymour Hersh affirme que le gouvernement américain a collaboré avec le Pakistan dans cette opération.« La Maison Blanche maintient que la mission était une affaire 100% américaine et que les généraux de l’armée pakistanaise et ses services secrets n’ont pas été mis au courant du raid à l’avance.

C’est faux, tout comme beaucoup d’autres éléments de la version de l’administration Obama. »Des pressions américaines les ont persuadés de participer à la planification de l’opération de son assassinat, sous peine que leur pays ne soit privé des milliards de dollars de l’aide américaine.Lors de son exécution, en étaient informé le commandant de l’armée pakistanaise, le général Ashfak Parwiz Kayani, et le chef des renseignements Ahmad Choujaa Bacha.

Contre 25 millions de dollarsAvant l’opération, c’est le Pakistan qui a révélé le lieu où Ben Laden se trouvait.« En août 2010, raconte Seymour Hersh, un ancien officier des services secrets pakistanais a approché Jonathan Bank, alors chef du bureau de la CIA à l’ambassade américaine d’Islamabad. Il a proposé de dire à la CIA où trouver Ben Laden en échange de la récompense que Washington avait offerte en 2001. »

Les Américains auraient alors versé 25 millions de dollars à cet homme pour avoir « brisé le secret » de la localisation de Ben Laden. Il serait à présent consultant à Washington pour la CIA. On y apprend également qu’aucun échange de coup de feu lors du raid n’a eu lieu et que l’enterrement en mer serait aussi un mensonge et que son cadavre a été jeté par-dessus dela montagne Hindo Kouch au Pakistan.

D’autre part, et contrairement à la version officielle américaine qui disait que Ben Laden avait fui au Pakistan et s’y était installé de son plein grès, Hersh assure qu’il était le prisonnier des services de renseignements pakistanais dans la demeure d’Abbottabad.

L’histoire selon laquelle Ben Laden a été repéré en traquant son courrier serait également fausse.

L’Arabie entretenait sa détentionAutre révélation de grand calibre, le journaliste américain décoré du prix Pulitzer évoque un rôle de l’Arabie saoudite qui a financé l’entretien de Ben Laden au Pakistan.

Il évoque aussi un facteur inquiétant dans la relation entre Saoudiens et Pakistanais : « Les Saoudiens ne voulaient pas que la présence de Ben Laden soit révélé parce qu’il était Saoudien, et ils ont demandé aux Pakistanais de le garder hors de l’image. Les Saoudiens craignaient que les Pakistanais ne fassent pression sur Ben Laden pour l’amener à relever ce que les Saoudiens avaient été fait avec Al-Qaïda. Alors ils jetaient de l’argent – beaucoup d’argent.

Les Pakistanais, à leur tour, craignaient que les Saoudiens ne vendent la mèche qu’ils hébergent Ben Laden ». Concernant les sources qu’il a consultées pour ses révélations, Hersh précise que deux d’entre elles sont américaines et ont l’occasion d’être informées des détails de l’opération vu qu’ils étaient conseillers dans le commandement des opérations spéciales. Certaines de ses informations ont été aussi recueillies de l’intérieur du Pakistan où de nombreux responsables s’étaient offusqués de la manière avec laquelle elle a été menée, dont un haut responsable du renseignement américain à la retraite.Agences

Maison Blanche : sans fondement

En riposte à ces révélations, et par la voix du porte-parole du Conseil de sécurité nationale Ned Price, l’administration américaine n’a trouvé autre que de dire qu’« il y a trop d’inexactitudes et d’affirmations sans fondement dans cet article pour y répondre point par point ».

Réaffirmant que ce raid fut « une opération américaine de bout en bout », Ned Price souligne que « seul un tout petit cercle » de responsables américains étaient informés et que le président Barack Obama avait décidé, dès le début, de pas informer d’autres gouvernements, y compris le gouvernement pakistanais.

Même son de cloche du côté des médias et agences mainstream chez qui les révélations de Hersh ont soulevé une levée de bouclier. Tout en reconnaissant ses compétences journalistiques dans le passé, dont « ses révélations sur le massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore le scandale de la prison d’Abou Ghraïb en Irak », ils se sont attelés à mettre en doute ses capacités journalistiques, « ces dernières années », et lui reprochant « sa dérive conspirationiste ».

Cette accusation est la plus invoquée contre tous ceux qui dévoilent les plans préparés à l’avance, ou les mensonges de puissances occidentales. Seymour Hersh fait partie de ceux-là.