Des heurts ont éclaté mercredi à Ben Guerdane, dans le sud-est de la Tunisie, entre les forces de l’ordre et des manifestants réclamant le libre passage des marchandises avec la Libye voisine, selon des témoins.
Des manifestants, jeunes pour la plupart, ont incendié des pneus et bloqué la circulation entre Ben Guerdane et la frontière, située à une trentaine de km, et où se trouve le point de passage de Ras Jédir avec la Libye.
En ville, des rassemblements ont eu lieu devant des bâtiments officiels et les forces de l’ordre sont intervenues après avoir été visées par des jets de pierre, d’après les témoins. Selon la radio privée Mosaïque FM, elles ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Les heurts entre manifestants et les forces sécuritaires se poursuivent, ont affirmé des témoins à l’AFP mais aucune victime ni aucune arrestation n’a été rapportée. Sollicité par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas fourni de bilan, affirmant que la « manifestation d’environ 150 personnes » avait été dispersée « de manière légale ».
Le sud-est de la Tunisie vit essentiellement du trafic transfrontalier, y compris de contrebande, et la tension y est vive depuis plusieurs mois, une partie de la population se disant marginalisée par le pouvoir central.
Les autorités font de leur côté valoir la difficulté de ce dossier compte tenu de la situation en Libye, en proie au chaos politique et livrée aux milices. En mai 2016, Ben Guerdane avait déjà connu une grève générale et des manifestations pour protester contre une longue paralysie du commerce transfrontalier.
Deux mois plus tôt, la ville avait été le théâtre d’attaques jihadistes simultanées contre des installations sécuritaires de la ville, entraînant une fermeture totale des frontières durant quinze jours.
Les auteurs de ces attaques, en grande partie tunisiens, s’étaient heurtés à l’hostilité de la population et à la riposte des forces de sécurité. Les autorités tunisiennes ont affirmé à plusieurs reprises avoir déjoué à cette occasion une tentative de création d’un « émirat » du groupe extrémiste Etat islamique (EI) sur leur sol.
La Tunisie compte plusieurs milliers de ressortissants au sein d’organisations jihadistes, dont une partie en Libye voisine.