Hommage au géant algérien de la chanson kabyle, né le 19 septembre 1918. Il fut chanteur, auteur et compositeur, mais avant tout un poète de l’exil, de la révolte et de l’insoumission.
Né le 19 septembre 1918 à Agwni g-eɣran dans un petit village au pied du Djurdjura dans la daïra des Ouadhias (Iwadiyen), Slimane Azem a quitté l’Algérie en 1937. Comme nombre de ses compatriotes émigrés en France, il sera ouvrier dans une aciérie de Longwy avant d’être mobilisé au moment de la Seconde guerre mondiale. Réformé en 1940, il part pour Paris, travaille dans le métro parisien mais réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire), Slimane Azem se retrouve dans les camps de travail de la Rhénanie entre 1942 et 1945.
Chanteur prolifique et poète fabuliste (il a été, selon certains témoignages, très influencé, dès son jeune âge, par les fables de La Fontaine). Poussé par la misère, à l’image de tous les habitants de Haute Kabylie, il quittera son village, à l’âge de 11 ans, pour devenir employé agricole chez un colon de Staoueli. L’exil en France commence en 1937.
C’est un autre chanteur issu de l’immigration, Mohamed El Kamel, qui le pousse alors à composer ses propres chansons. A la fin des années 40, Slimane Azem se produit sur scène avant d’enregistrer en 1951 sa première chanson : « AMoh A Moh » une complainte sur l’exil qui est aussi un hommage à Si Mohand u Mhand, poète kabyle du XIXe siècle. Il rencontre alors le directeur artistique du catalogue arabe de Pathé-Marconi, rencontre qui marquera le début de sa carrière.
Icône de la chanson engagée amazighe (berbère) et membre actif de l’Académie berbère, Slimane Azem compose plusieurs chants à la gloire de la culture kabyle : « A wid idjebbdem leqlam » (vous qui maniez la plume) ou encore « ɣef teqbaylit yuli was » (Le Jour se lève sur la langue kabyle), composé au lendemain des manifestations « Tafust imazighen » (le Printemps berbère) en avril 1980 pour la reconnaissance de la langue autochtone de l’Algérie, le tamazight.
À l’occasion du 38e anniversaire de son déces, un projet de rénovation de la maison natale de Slimane Azem sera présenté demain à Agouni Gueghrane par l’association Tarwa n Dda Slimane.
La même association, a invité tous les citoyens et les fans de Slimane Azem à assister à la cérémonie d’inauguration des travaux de rénovation de la maison de la légende de la musique kabyle.
Mort en exil, le 28 janvier 1983 à Moissac (Tarn-et-Garonne), Slimane Azem demeure une de ces Vox Populi algériennes muselée, mais jamais étouffée, Trente-huit ans après sa mort, Slimane Azem est toujours écouté, adulé pour son œuvre monumentale, il demeure un père et un repère du combat identitaire et démocrate.