Des témoignages bouleversants et un vibrant hommage à l’un des plus anciens bouquinistes d’Alger, ont été rendus à une personnalité marquante du monde du livre. Son modeste magasin, « l’étoile d’or « a vu des générations de bouquinistes et d’amoureux de bonnes lectures, le fréquenter assidument, dans la la rue Didouche Mourad.
Il s’agit de Mouloud Mechkour dit affectueusement « Ami Mouloud « décédé le mois de septembre passé.Lors d’une rencontre organisée à la librairie Chaib-Dzair, en présence de ses amis et de quelques personnes qui faisaient partie de sa fidèle clientèle, le modérateur de la conférence, Sid Ali Sekhri a qualifié le bouquiniste Ammi Mouloud, d’homme de défi, un homme qui s’est mis au service de la culture, en mettant à la disposition des lecteurs qui fréquentent sa modeste boutique, tout ce qui pouvait leur servir et les aider dans leur quête du savoir. « Nous trouvions des livres précieux « et « les rayons de la librairie sont envahis d’ouvrages variés, On y trouvait différents styles de production de la pensée humaine «.
Après avoir rappelé qu’Ammi Mouloud faisait preuve d’assiduité et ne ménageait aucun effort pour mener à bien son métier, le modérateur de la rencontre a rappelé qu’Ammi était une figure familière pour tous ceux qui aiment se cultiver, s’adonner avec passion aux plaisirs de la lecture, Il aimait parler souvent à ceux qui prennent le temps de l’écouter de son ancienne patronne. C’est pourquoi son magasin était souvent empli de clients. Il s’honore depuis d’avoir vu défiler dans son étroit magasin des journalistes et des auteurs les plus réputés dans la littérature dont Camus, George Arnaud, Tahar Djaout, Mimouni et tant d’autres. M. Sid Ali Sekhri a mis en exergue le bagage de Ammi Mouloud qui jouit d’un vaste trésor de culture, précisera qu’ « il est un enthousiasmant d’entendre Ammi Mouloud quand il parle de livres «.
Par ailleurs, le modérateur de la rencontre a fait la distinction entre le bouquiniste, le libraire et le colporteur, en mettant en exergue le rôle du bouquiniste qui protège les ouvrages de la disparition, bien au contraire, le bouquiniste fait survivre et perdurer le livre. Selon le modérateur, il y a la passion de protéger. « Un livre ça tient de l’enfance, qui ne fait pas uniquement suite à une formation «.
Les témoignages énoncés lors de cette rencontre ont rappelé le comportement civilisé d’Ammi Mouloud et sa manière de traiter les ouvrages et de communiquer avec sa clientèle qui reste vraiment un exemple à apprendre pour inciter les gens à lire.
L’écrivain Sahraoui a rappelé qu’il a acheté des livres anciens chez Ammi mouloud pas mal de fois et « il y ’en a que j’ai gardés «.
L’un de ses amis proches a fait savoir qu’Ammi Mouloud possédait des ouvrages aussi dans sa maison mais, hélas, ont été perdus pour diverses raisons, heureusement, il y a des livres qui ont été sauvés.
Le public présent a été unanime pour insister sur la pérennité de cet espace, que ce lieu doit continuer d’exister «, en défendant l’état actuel des bouquinistes, qui sont pour la plupart, négligés.