Laszlo Csatari est décédé à l’âge de 98 ans, échappant à la justice qui l’accusait de la déportation de 12.000 Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Le criminel de guerre nazi présumé le plus recherché au monde, le Hongrois Laszlo Csatari, est décédé à 98 ans samedi 10 août à Budapest, échappant à la justice qui l’accusait de la déportation de quelque 12.000 juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Il est mort samedi matin à l’hôpital où il était soigné pour des maux intestinaux et a finalement contracté une pneumonie », a indiqué son avocat, Gabor Horvath.
Assigné à résidence à son domicile à Budapest dans l’attente de son procès, Laszlo Csatari ne sera donc pas jugé pour « crimes contre l’humanité », notamment la déportation en 1944 vers les camps d’extermination nazis de quelque 12.000 juifs détenus dans le ghetto de Kosice, à Kassa, en Slovaquie, qui se trouvait alors sous administration de la Hongrie, alliée de l’Allemagne nazie.
« Il battait régulièrement les Juifs »
Selon le Centre Simon Wiesenthal en Israël, qui avait placé Laszlo Csatari en tête de la liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés au monde jusqu’à son arrestation à Budapest en juillet 2012, 15.700 juifs ont été déportés de Kassa vers les camps de la mort entre 1941 et 1944, des éléments qui ont servi de point de départ aux investigations de la justice hongroise.
« Il battait régulièrement les Juifs à mains nues ou avec un fouet sans aucune raison, sans égard à l’âge, le sexe ou à l’état de santé des détenus », avait indiqué l’office du procureur en Hongrie, alors que Laszlo Csatari a toujours nié ces accusations.
Condamné à mort par contumace en 1948 à Kosice, alors en Tchécoslovaquie, Csatari s’était réfugié au Canada où il gagnait sa vie comme marchand d’art. En 1995, les autorités canadiennes ayant découvert sa véritable identité, il s’était alors enfui en Hongrie où il a vécu, apparemment sans être inquiété, jusqu’à son arrestation.
Son procès était fixé au 26 septembre
Le tribunal de Kosice a formellement commué en avril 2013 sa peine de mort en réclusion à perpétuité — la peine de mort ayant été abolie dans ce pays — ouvrant ainsi la voie à son extradition réclamée par Bratislava. La justice slovaque souhaitait le rejuger et avait fixé le procès au 26 septembre.
« C’est une honte que Csatari, un acteur condamné (en 1948) et impénitent de l’Holocauste, qui était finalement inculpé dans son pays pour ses crimes, ait échappé à la justice et à la condamnation à la toute dernière minute », a réagi le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Efraïm Zuroff, cité dans un communiqué.
Son organisation avait critiqué le fait que Laszlo Csatari ait pu vivre quinze ans en Hongrie sans être inquiété par les autorités hongroises.
« Nous n’avons jamais cru que Csatari vivrait assez longtemps pour être jugé sur terre », a de son côté indiqué Lucia Kollarova, la porte-parole de la communauté juive de la Slovaquie.
Ces dernières années, les autorités en Europe ont redoublé d’efforts pour faire comparaître en justice les personnes toujours en vie qui étaient impliquées dans l’Holocauste.
L’ancien gardien du camp de Sobibor, John Demjanjuk, condamné en 2011 à cinq ans de prison et mort un an plus tard à l’âge de 91 ans, avait ainsi comparu en chaise roulante ou sur un brancard — une mise en scène selon certains. Il avait fait appel de son verdict.
Cinquante cas à l’étude par la justice allemande
Son cas a créé un précédent en Allemagne, car le fait d’avoir travaillé dans un camp de concentration était suffisant pour reconnaître Demjanjuk coupable de complicité de meurtres. La justice allemande étudie une cinquantaine de cas actuellement, dont celui de Hans Lipschis, 93 ans, interpellé en mai, soupçonné de complicité de meurtres dans le camp d’Auschwitz où il aurait été gardien. Le nonagénaire affirme qu’il y était cuisinier.
La justice hongroise avait déjà jugé un ancien criminel de guerre nazi présumé, Sandor Kepiro, il y deux ans, mais ce dernier avait été acquitté faute de preuve. Il est décédé depuis, en septembre 2011, à l’âge de 97 ans.