Sid-Ali Boukrami, ancien ministre et professeur en finances internationales, a longuement commenté, sur les ondes de la Chaîne 3, ses réflexions contenues dans son dernier ouvrage intitulé «Questions énergétiques et politique économique». Dans ce contexte, il a alerté sur une possible réappropriation des gisements des pays producteurs par les grandes sociétés pétrolières.
Dans ce cadre, il a déclaré que l’Algérie se trouve aujourd’hui complètement dépendante d’un marché sur lequel elle a perdu tout contrôle.
De ce fait, il a souligné que la situation financière du pays n’est plus reluisante. Cette chute drastique des prix du pétrole a eu effectivement des conséquences négatives en recettes des devises ayant perdu 50% de leur valeur. Ainsi, Il a déclaré que la fixation des prix du brut échappe, totalement, aux pays producteurs, et est actuellement du ressort des pays importateurs, dont les États-Unis, désignés par l’intervenant comme étant les véritables protagonistes de la politique énergétique mondiale. D’autre part, il a affirmé que, en 1969, l’Algérie a adhéré à l’Opep, alors que c’était un pays progressiste. À cette époque, l’Algérie ne s’intéressait pas au prix, mais plutôt à la maîtrise de la production et du réservoir engineering. À cet effet, Il a ajouté que la majorité des pays d’Europe du sud ont fait des croissances qui avoisinent le 1%, grâce justement à cette baisse du pétrole. En outre, Boukrami a déclaré que la question pétrolière est une question géopolitique fondamentale. Il a affirmé que les Américains ont lancé le gaz de schiste en 2008 en faisant quatre millions et demi de barils, pour préserver l’effondrement de l’économie mondiale. Selon lui, avant, l’Opep contrôlait 40 à 45% de la production; aujourd’hui, elle ne contrôle que 32 millions de barils de brut sur les 92 millions mis sur le marché. Selon l’expert, la fixation des prix du brut n’est plus du ressort des pays producteurs. Elle a été transférée aux importateurs, dont les USA qui sont les seuls à avoir une politique énergétique dans le monde, et qui ne souhaitent pas qu’elle échappe à leur hégémonie. Par ailleurs, Boukrami a longuement commenté le développement de l’exploitation du gaz de schiste qui, selon lui, a fait perdre aux membres de l’Opep une grande part du marché des hydrocarbures. Selon lui, il y a une indiscipline totale à l’intérieur de cette Organisation qui ne fixe plus les prix du pétrole. D’autre part, ellle organise simplement des réunions symboliques. Il a déclaré qu’aujourd’hui l’économie mondiale a marginalisé l’Opep. Par suite de la disparition, ou de la faiblesse des capacités de réservoir engineering dans ces derniers, au final, ce sont les grandes sociétés pétrolières qui vont se réapproprier leurs gisements d’hydrocarbures. En ce qui concerne les gisements existants, il faut améliorer le réservoir engineering. Selon lui, les Américains exigent aujourd’hui une baisse du prix du pétrole qui sera incontournable. C’est une question de survie. S’il n’y a pas une baisse des prix de l’énergie, le système économique mondial va s’effondrer et tout le monde est d’accord là-dessus. En outre, il a déclaré qu’il faut renforcer le système des hydrocarbures, à travers la bonne gestion des ressources énergétiques et l’élargissement des activités d’exploration. Selon lui, les hydrocarbures ne constituent pas seulement l’épine dorsale de l’économie nationale, mais aussi la force de négociation de l’Algérie au plan international. Il a ajouté que la force de négociation de l’Algérie est tributaire des hydrocarbures, et tout affaiblissement de ce secteur aura des conséquences sur l’économie et l’avenir des générations futures. Boukrami préconise la préservation de cette richesse en usant de l’exploitation rationnelle des gisements. À cet effet, il a indiqué que le secteur des hydrocarbures doit être fortement renforcé. Par conséquent, il a souligné qu’il est impérieux que l’État algérien se tourne vers de nouvelles perspectives pour se détourner de ce modèle rentier qui nous assujettit à la volonté des grandes puissances. D’autre part, il y a lieu de savoir que l’Algérie possède un réel potentiel, dans tous les domaines économiques, un potentiel en quête d’une volonté politique. Par conséquent, il a ajouté que l’État doit prendre les décisions qui s’imposent, en utilisant les informations de demain, et ce, dans la perspective de restructuration de l’économie mondiale qui se profile. Par conséquent, le renforcement du capital humain est inévitable. Il faut aller impérativement, selon lui, vers l’amont de la production pétrolière. D’autre part, il a fortement insisté sur la maîtrise des gisements, de l’expertise, de la protection des meilleurs cadres techniques. Ce sont eux , -t-il, qui sont à même de transmettre leurs connaissances en la matière, sans pour autant continuer à rester largement fixé sur les paramètres des prix.
Lazreg Aounallah