Le Premier ministre évoque l’élaboration d’“un plan d’action opérationnel pour atténuer les effets de ce phénomène sur les réserves de changes et les équilibres internes et externes du pays”.
Des failles du système de contrôle mis en place, des complicités au service de certains importateurs indélicats et des subterfuges utilisés par des fraudeurs… Ce n’est là qu’un aperçu des innombrables malversations qui continuent de pourrir l’acte d’importer en Algérie. En fait, ces phrases usitées crûment par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, himself, dénotent les proportions alarmantes prises par ces importations frauduleuses auxquelles recourent de nombreux acteurs du commerce extérieur dans notre pays.
Face à cette épineuse problématique, Abdelmalek Sellal appelle à la mise en œuvre de “mesures urgentes et opérationnelles à l’effet d’endiguer ce phénomène et d’atténuer ses effets sur l’économie, notamment sur nos réserves de changes et sur le maintien des équilibres internes et externes”. Dans une récente lettre adressée aux ministres des Finances, de l’Intérieur, de la Justice et de l’Agriculture, ainsi qu’à d’autres institutions étatiques, M. Sellal évoque l’élaboration, par le gouvernement, d’“un plan d’action opérationnel de lutte contre les importations frauduleuses”, afin d’endiguer ce phénomène qui a pris de fortes proportions, causant un gros préjudice à l’économie nationale.
“Il a été porté à ma connaissance la multiplication des cas de fraude à l’importation, constituant ainsi une source de préoccupation sérieuse pour les pouvoirs publics, au vu des préjudices appréciables portés à l’économie nationale qu’il faut contrecarrer avec énergie et persévérance”, note cette instruction dont l’APS a obtenu une copie. Le Premier ministre a ainsi chargé le ministre des Finances de “mettre en place en urgence un comité interministériel chargé de dresser un plan d’action opérationnel de lutte contre ces pratiques illicites”, est-il mentionné dans cette correspondance datée de fin avril dernier.
Ce groupe de travail sera composé des représentants des services, des finances (impôts et douanes), du commerce, de la sécurité (Sûreté nationale et Gendarmerie nationale), de l’agriculture, de l’Association professionnelle des banques et des établissements (Abef) et d’un représentant de la Banque d’Algérie. Le Premier ministre a insisté sur l’installation de ce comité pour qu’il entame ses travaux “en urgence”, à l’effet de déposer ses conclusions dans un délai de rigueur d’un mois. Ses recommandations viendront en complément de celles que dégagera le comité permanent de suivi de la situation économique et financière, qui a pour mission, entre autres, d’émettre des propositions de mesures opérationnelles à mettre en œuvre pour le maintien des équilibres internes et externes. À travers sa note, Abdelmalek Sellal a également chargé l’argentier du pays d’instruire les services des douanes en vue de renforcer le contrôle aux frontières, notamment par la systématisation du passage au scanner des conteneurs provenant de “certains pays à risque”.
Ces institutions sont aussi tenues de mettre en place, avec les services concernés, le contrôle a priori à partir des ports d’embarquement de ces pays. La Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale sont, quant à elles, appelées à renforcer leurs moyens d’investigation et de lutte contre les fraudes à l’importation “en identifiant leurs auteurs et les complicités dont ils disposent et les déférer par devant les juridictions compétentes”, indique le Premier ministre. Les ministres des Finances et du Commerce auront pour mission de mener une opération de vérification des registres du commerce des importateurs afin, dit M. Sellal, de “déceler les phénomènes de sous-location, de complaisance, de localisation inconnue et de manquement aux bonnes pratiques commerciales”. L’objectif assigné à cette action confiée aux services des douanes et des impôts est d’aboutir, précise la lettre, à un “assainissement des registres du commerce”.