Il a animé hier une conférence à la kalaa des ath abbas, Sadi souligne le rôle de la culture dans la résistance anticoloniale

Il a animé hier une conférence à la kalaa des ath abbas,  Sadi souligne le rôle de la culture dans la résistance anticoloniale

“Quand la religion sert de support à la culture, cette synergie pourrait déboucher sur un résultat positif.

Mais lorsque la même religion enveloppe la culture, cela devient un linceul”, selon Saïd Sadi.

Sur invitation des initiateurs du festival “Lumière sur le patrimoine historique et culturel de la Kabylie”, l’ancien président du RCD, le Dr Saïd Sadi, qui s’investit dans l’écriture de

l’Histoire contemporaine de l’Algérie, a animé, hier après-midi, au village mythique de la Kalaâ des Ath Abbas, dans la commune d’Ighil Ali (wilaya de Béjaïa), une conférence autour de la thématique “Mokrani, Cheikh Aheddad : culture et culte dans la résistance”.

Intervenant devant une foule nombreuse venue de différentes régions de la Kabylie, le Dr Sadi a d’abord survolé la résistance armée dirigée par l’Émir Abdelkader dès 1837, contre le colonisateur français, puis évoqué la révolte de Boubaghla, ainsi que celle de Fadhma N’soumeur, en 1852. Revenant ensuite sur la genèse de la célèbre insurrection de 1871 menée conjointement par Cheikh Aheddad (Seddouk) et El-Mokrani (Ath Abbas), le conférencier expliquera que les instigateurs de l’insurrection de 1871 avaient profité de la fragilité de l’armée française après sa défaite contre les Allemands, lors de la bataille de Prusse, en 1870, pour organiser un soulèvement populaire en Kabylie. Sadi a rappelé dans son exposé qu’au début, Cheikh Aheddad n’était pas favorable à une résistance armée, mais après une certaine période d’hésitation, il finit par être convaincu par ses deux fils qui estimèrent que le moment était venu de mener une révolte contre le colonisateur français. L’orateur notera au passage qu’El-Mokrani mena d’abord une campagne de sensibilisation à travers plusieurs régions du pays, notamment dans les Aurès et à Cherchel, mais l’impact de ces opérations fut insatisfaisant, eu égard à la faible adhésion populaire enregistrée à l’époque. Quant à la zone d’influence du royaume d’El-Mokrani, celui-ci s’étend de Sétif jusqu’aux montagnes de la Hodna (M’sila), en passant par Medjana (Bordj Bou-Arréridj) et les monts des Ath Abbas. Par ailleurs, l’ancien leader du RCD tentera de faire le parallèle entre la religion et la culture dans la résistance anticoloniale, estimant que “quand la religion sert de support à la culture, cette synergie pourrait déboucher sur un résultat positif. Mais, lorsque la même religion enveloppe la culture, cela devient un linceul”. Enfin, il convient de signaler que cette sortie de Saïd Sadi dans la région des Ath Abbas s’inscrit dans le cadre des activités de la 2e édition du festival “Lumière sur le patrimoine historique et culturel de la Kabylie”, initié par un groupe d’artistes, d’intellectuels et de militants, et ce, dans un esprit d’union et d’engagement. Il se fixe comme objectif de réconcilier la population  avec son identité en mettant en lumière les éléments de mémoire liés au patrimoine historique et culturel dans chaque localité de la région.

K. O.