Il a baissé de 85 % en 2024 : L’excédent commercial de l’Algérie en chute libre (ONS)

Il a baissé de 85 % en 2024 : L’excédent commercial de l’Algérie en chute libre (ONS)

L’Algérie a subi en 2024 un violent choc sur son commerce extérieur. Les chiffres officiels de l’Office national des statistiques (ONS) révèlent une très forte dégradation de la balance commerciale, marquée par un effondrement de 84,8 % de l’excédent, passé de 1 674,5 à 253,7 milliards DA en 2023 à, seulement, 253,7 milliards DA en 2024.

Ce recul s’explique par un double phénomène : une baisse substantielle des exportations (-11,6 %) et une hausse soutenue des importations (+9,6 %). Les exportations, pénalisées par le recul des cours mondiaux des hydrocarbures (-7,4 %), plongent à 6 605,8 milliards DA, tandis que les importations bondissent à 6 352,1 milliards DA, réduisant le taux de couverture à 104 %, son plus bas niveau depuis la pandémie du covid-19.

La structure économique du pays, toujours tributaire des hydrocarbures (91 % des exportations), amplifie cette situation. Les termes de l’échange, reflet du rapport entre prix à l’exportation et à l’importation, se détériorent (95,9 % contre 100,4 % en 2023). Parallèlement, les volumes importés progressent de 13,1 %. Dans cet article, nous analyserons, chiffres de l’ONS à l’appui, les racines de ce coup d’arrêt et ses répercussions sur l’économie algérienne.

Exportations : l’Algérie toujours dépendante des hydrocarbures

Le recul des exportations algériennes en 2024 (-11,6 %) trouve sa source dans la combinaison d’une baisse des prix unitaires (-7,4 %) et des volumes (-4,5 %).

Ainsi, les hydrocarbures, pierre angulaire des ventes à l’étranger (91 % du total), subissent de plein fouet la chute des cours internationaux, avec un prix moyen en baisse de 7,4 %. Les produits hors hydrocarbures ne résistent pas à cette tendance, accusant une contraction de 6,7 % en valeur unitaire, ce qui reflète une diversification économique toujours insuffisante.

Courbe de la balance commerciale de l'Algérie pour la période 2016-2024

Cette double contraction pèse lourd sur les recettes nationales. En valeur, les exportations passent de 7 468,5 milliards DA en 2023 à 6 605,8 milliards DA en 2024. Les termes de l’échange, indicateur clé de la santé économique, chutent à 95,9 %, signant une détérioration du pouvoir d’achat international de l’Algérie. Le taux de couverture des importations par les exportations qui passe de 128,9 % à 104 %, illustre la vulnérabilité de notre pays devants les chocs externes.

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L’ONS souligne que cette dynamique négative résulte d’une « structure des exportations largement dominée par les hydrocarbures ». Malgré une légère hausse des exportations sidérurgiques ou sucrières en 2023, l’incapacité à diversifier l’économie expose le pays aux fluctuations des marchés énergétiques, comme en témoigne la chute du Sahara Blend de 104,1 à 83,7 USD le baril en 2023.

La hausse des importations fait fondre l’excédent commercial de l’Algérie

À l’inverse, les importations algériennes affichent une nette progression en 2024 : +9,6 % en valeur (6 352,1 milliards DA) et +13,1 % en volume. Cette hausse, malgré un repli moyen des prix de 3,1 %, traduit une demande intérieure en forte croissance, mais aussi des fragilités structurelles.

Courbe des variations annuelles des prix à l'importation et à l'exportation de marchandises en Algérie pour la période 2012-2024

Voici, par ailleurs, les secteurs qui tirent la demande vers le haut. Les volumes de « boissons et tabac » bondissent de 76,8 %, suivis par les « articles manufacturés divers » (+20,3 %) et les « machines et matériel de transport » (+19,1 %). Les « produits alimentaires et animaux vivants » (+16,7 %) reflètent une dépendance persistante aux achats extérieurs pour la sécurité alimentaire. En outre, les catégories « combustibles minéraux » (+25,7 %), « produits chimiques » (+1,7 %) et « machines » (+3 %), alourdissant la facture globale.

Cette dynamique accentue les déséquilibres. Si les importations de « combustibles minéraux » reculent en volume (-13,4 %), leur hausse en prix (+25,7 %) pèse sur les comptes. Par ailleurs, la baisse des prix des « boissons et tabac » (-37,2 %) n’empêche pas une explosion des volumes, signe d’une consommation intérieure peu élastique.

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En conclusion, l’Algérie paie en 2024 le prix de sa dépendance aux hydrocarbures et de son modèle économique encore peu diversifié. La chute des exportations, couplée à une demande intérieure gourmande en importations, menace la stabilité des indicateurs macroéconomiques.

En conclusion, l’année 2024 révèle une urgence : rééquilibrer le modèle économique algérien en réduisant la dépendance aux hydrocarbures et en maîtrisant la demande intérieure. Sans mesures structurelles, la balance commerciale pourrait basculer en déficit dès 2025.