Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, en visite de travail aujourd’hui dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, devra confirmer ou infirmer le limogeage du wali de Béjaïa.
Le wali de Béjaïa, Ould Salah Zitouni, est mis en congé d’office, a-t-on confirmé de sources diverses. Et cette absence prolongée du wali, que l’on surnomme le “bombardier” — une réputation qu’il avait depuis son passage à la tête de la wilaya de Mascara, en référence à un de ses traits de caractère —, a donné libre cours à toutes sortes de supputations et de conjectures.
Depuis quelques jours, son limogeage est évoqué, sans que cela soit toutefois confirmé officiellement. Son sort à la tête de la wilaya est-il, vraiment, définitivement scellé ? Ses proches ne le croient pas un seul instant. “Je l’ai appelé, il y a trois jours. Il m’a confirmé qu’il est en congé de maladie, mais il n’exclut pas de poursuivre sa mission à la tête de la wilaya”, a affirmé un de ses proches, qui a requis l’anonymat. Seulement, admet notre source, les choses pourraient évoluer rapidement. Dimanche, des assertions autour d’une fin de fonction du premier magistrat de la wilaya de Béjaïa ont circulé sur la Toile.
Ce qui est sûr, c’est que le wali a bel et bien été entendu par sa hiérarchie qui lui ferait grief de beaucoup de choses, notamment ses sorties tonitruantes. “Le wali a été entendu. Je peux vous assurer qu’il a répondu point par point et qu’il est soutenu, lui aussi, dans cette épreuve”, jure notre source. Un cadre de la wilaya, présent lors de cette discussion, n’a pas manqué d’attester qu’Ould Salah Zitouni “est quelqu’un qui s’emporte pour un rien. On l’a vu lors des sessions de l’APW de Béjaïa ou lorsqu’il préside des réunions publiques, il est sans ménagement avec les chefs de l’exécutif et ses collaborateurs directs au niveau de la wilaya. Et des rapports contre lui, il y en a”.
Le cadre de la wilaya a cité, entre autres problèmes, les différends que le wali a eus avec l’ancien directeur des travaux publics, Rachid Ourabah — le seul au demeurant à lui avoir tenu tête —, et l’ancien directeur de l’éducation, pour ne citer que ces deux exemples-là. Un autre cadre de la wilaya témoigne que trois des plus proches collaborateurs du wali n’ont pas résisté au rythme de travail qu’il leur imposait depuis son arrivée à la tête de la wilaya. “Il fallait se lever avant l’aube et partir sur les chantiers et ne regagner son domicile qu’à la nuit tombée. Trois de ses plus proches collaborateurs au cabinet avaient été victimes d’attaques cardiaques.” Un élu de l’APW a, pour sa part, rappelé que c’est le wali qui a réglé le problème de l’APW de Béjaïa bloquée depuis près d’une année. Il a relancé des projets qui étaient à l’arrêt. “Si on ne veut plus de lui, qu’on le remplace, mais on ne peut laisser, encore une fois, la wilaya sans chef de l’exécutif”, tempête l’élu.
Un de ses collègues a rappelé ce qui était arrivé avec les travailleurs chinois qui avaient procédé à la fermeture de la route avec leurs camions au convoi du wali lorsque celui-ci est allé inspecter la bretelle autoroutière. Il se serait emporté et aurait tenu des propos jugés peu convenables à l’égard de la direction de l’entreprise qui se serait plainte auprès de sa représentation diplomatique. Le wali aurait ainsi même refusé de recevoir un émissaire dépêché d’Alger.
À Akbou, il avait également tenu des propos jugés graves. Il aurait parlé de clans qui se partagent le gâteau de l’une des communes les plus riches d’Algérie. Et parmi ces clans, il aurait cité les services de sécurité — police et gendarmerie —, le chef de daïa, l’édile local et quelques patrons sans les citer nommément. Et la société civile d’Akbou s’est empressée de relayer cela dans une déclaration rendue publique le lendemain, a confirmé un cadre d’une entreprise locale.
Depuis plus d’une semaine, c’est donc le nouveau secrétaire général de la wilaya qui remplace le wali dans ses fonctions à la tête de Béjaïa.
M. Ouyougoute
