Maintes fois annoncée durant l’été, la comparution du fils Ouyahia devant la justice pour de graves faits de corruption n’a été suivie d’aucune information à même d’éclairer l’opinion. L’événement était pourtant très attendu, faisant l’objet d’une importante mobilisation des journalistes devant les portes du tribunal de Sidi-M’hamed où il devait être auditionné, avec son père, et le jour même où était programmée la comparution de Abdelkader Zoukh et de son fils.
En ce 26 juin, les équipes qui se trouvaient sur place ne seront donc pas déçues. L’ancien Premier ministre, l’ancien wali d’Alger et leurs enfants respectifs, se trouvaient effectivement dans l’enceinte de ce tribunal.
L’ex-Premier ministre est arrivé à bord d’un fourgon cellulaire en provenance d’El-Harrach où il a été incarcéré quinze jours auparavant. Ses allées et venues créent à chaque fois l’événement chez des citoyens qui se rassemblent certains devant les portes de la prison ou au centre-ville pour scander des slogans qui en disent long sur leur sentiment à son égard.
L’annonce de sa comparution et de celle de son fils avait aiguisé davantage leur curiosité. Ce dernier est donc auditionné dans l’après-midi dans un dossier où il est soupçonné d’avoir acquis des marchés et contrats importants dans divers secteurs. L’enquête préliminaire est basée sur des éléments fournis par la Direction générale des impôts (DGI), qui affirme avoir constaté des mouvements irréguliers dans des opérations de transfert de devises en direction de la société de consulting Otek FZCO de droit émirati, basée à Dubaï et appartenant au fils de l’ancien Premier ministre.
Le procureur qui l’auditionne constate, cependant, l’absence de certains éléments. Il ordonne, par conséquent, leur placement en garde à vue prolongée au niveau de la brigade de gendarmerie de Bab J’did. La même décision est prise au sujet du fils de l’ancien wali d’Alger, auditionné pour corruption et soupçonné d’être mêlé à l’affaire Kamel Chikhi.
Depuis, plus de nouvelles de l’affaire. Le devant de la scène est occupé par les scandales en série qui éclaboussent les anciens hauts responsables sous le régime Bouteflika. Loin du regard des médias, le fils Ouyahia est libéré. Il fait officiellement l’objet de poursuites judiciaires et «devait être convoqué ultérieurement». Certaines rumeurs laissent entendre que le concerné avait fait, ensuite, l’objet d’une arrestation et qu’il aurait été, à son tour, incarcéré à El-Harrach. Plusieurs avocats, ayant la possibilité de confirmer le fait et que nous avons contactés pour davantage d’informations, ont catégoriquement nié le fait. «Il ne se trouve pas en prison», nous affirme-t-on.
Des sources bien informées nous apprennent, alors, qu’un court laps de temps s’écoule entre sa libération et la diffusion d’informations confuses annonçant son départ précipité vers l’étranger en compagnie d’autres membres de sa proche famille. Son absence du territoire national se confirme, lorsque celui-ci ne se présente pas à une seconde convocation que lui a adressée la justice dans le cadre d’une nouvelle comparution.
A-t-il été déclaré en fuite ? Selon la procédure judiciaire en vigueur, des mandats d’amener sont lancés par les juges à l’encontre des personnes qui refusent de se présenter à la seconde convocation. Il est suivi d’un mandat d’arrêt. Dans le cas présent, la situation s’avère encore plus délicate, car le concerné se trouvait frappé d’ISTN (interdiction de sortie du territoire national) au moment où il a réussi à quitter l’Algérie.
Abla Cherif