Grosse perte pour l’Algérie que celle de Ali Koudil, cadre compétent comme il n’y en a pas beaucoup, patriote jusqu’à la moelle que l’appareil judiciaire et l’univers carcéral ont complètement broyé et dont la vie privée a été bouleversée.
Ancien président-directeur général de la Cnan (Compagnie nationale algérienne de la navigation), ce digne fils d’Agouni-Fourrou, dans la région des Ouacifs (sud de Tizi-Ouzou), où il est né un certain 8 septembre 1948, a, en effet, cédé hier mercredi, à la Faucheuse au bout d’une longue et laborieuse lutte contre la maladie.
Lui, dont la vie a subitement basculé au lendemain du naufrage du bateau le Béchar, le 13 novembre 2004 au port d’Alger et qui avait fait 16 morts, a dû faire face dignement à une terrible machine judiciaire avec, en plus, six ans en prison.
Un double «affront» qu’il racontera dans son livre «Naufrage judiciaire, Les dessous de l’affaire Cnan». Il y écrivait , entre autres,«La juge en charge du naufrage du Béchar fut d’un cynisme effroyable. Elle a prononcé, sans état d’âme, une condamnation à 15 années de prison, après une conduite scandaleuse du procès. Avant elle, le procureur de la République, le juge d’instruction et les magistrats de la chambre d’accusation n’avaient pas hésité, tels de «froids tueurs à gages», à participer à une parodie de justice, bien que me sachant innocent des accusations portées contre moi. Ces magistrats-mercenaires ont transformé l’institution judiciaire en vulgaire instrument de coercition contre les citoyens. En un mot, la justice algérienne est atteinte d’une maladie chronique semblable à celles affectant les systèmes totalitaires. Dans un État de non-droit, la notion de justice est vidée de sa substance et totalement incomprise». Un ouvrage à valeur de thérapie et de coup de sang dans lequel il relate, par ailleurs, cette terrible tragédie d’il y a 15 ans.
Diplômé de la Faculté des sciences économiques d’Alger, titulaire d’un DESS en transport et commerce de l’Université d’Aix-Marseille, il a été notamment cadre supérieur de la Banque algérienne de développement, cadre supérieur de Holding, membre fondateur de la SGP chimie pharmacie, et Pdg de Cnan group entre 2002 et 2004, Ali Koudil ne manquait jamais de se rendre dans sa terre natale, Agouni-Fourrou ,comme il l’a fait juste la semaine dernière pour superviser les chantiers d’édification d’un pied-à-terre, notamment pour ses quatre enfants.
Le défunt devait être inhumé, hier mercredi en fin de journée, au cimetière de Sidi Fredj, à l’ouest de la capitale où il résidait.
M. Kebsi