L’adhésion morale des quelque 700 jeunes entrepreneurs présents à la rencontre était visible dans tous les regards.
L’avenir, c’est la jeunesse et c’est avec celle-ci que le FCE compte le construire. Hier, c’est une véritable noce entrepreneuriale qui a eu lieu à l’hôtel EL Aurassi à l’occasion de l’organisation, par Jil FCE, d’une rencontre sur la Jeunesse et l’entrepreneuriat sous le slogan «La jeunesse algérienne se mobilise» et à laquelle ont pris part Mourad Zemali, directeur général de l’Ansej et Ali Haddad, président du FCE ainsi qu’un panel d’experts. Invités à exprimer leur audace d’entreprendre tout en leur proposant de les accompagner et d’en faire les «bâtisseurs de demain», des centaines de jeunes, tous contents de se sentir enfin utiles, ont répondu à l’appel du FCE. La salle était pleine lorsque, après avoir accueilli ses pairs, Toufik Lerari, leader de la jeunesse du FCE, a invité le public à suivre un documentaire sur les quatre dernières années parcourus par le Forum. Un silence tombal régnait dans la salle et tous les regards étaient rivés aux écrans géants.
«Le FCE a certes fait des pas, mais à coups d’efforts», susurre une voix féminine gagnée par l’émotion.
Après les ovations, une jeune responsable d’un laboratoire de contrôle qualité, Nawal, allure preste et visiblement résolue à se mettre dans la peau d’un leader économique, relativise aussitôt. «Le FCE ne fait que commencer», dit-elle.
En effet, explique Nawal, «il y a longtemps que l’Algérie aurait dû s’inscrire dans une dynamique d’ouverture et promouvoir l’entrepreneuriat privé, des jeunes et des moins jeunes». Selon elle, «Boumediene était un grand leader, mais en fermant la route devant l’entreprise privée, il a causé beaucoup de retard à l’Algérie».
Mais pas seulement lui, car, continue-t-elle, même ceux qui sont venus après n’ont pas fait mieux et l’ouverture qui s’est faite au début des années 1990 n’était pas une bonne opportunité en raison notamment de la situation sécuritaire».
«Le peuple algérien est plus grand que ses rêves», disait Jean Sénac et il n’a pas tort. Les Algériens, paraît-il, se contentent toujours de peu et ce «peu», l’Etat l’offrait gratis.
«Hchicha talba ma’icha», dit le dicton populaire. Néanmoins, cette culture du «moindre effort» est aux antipodes de celle qui anime Jil FCE qui, malgré les difficultés structurelles et celles liées à l’inexpérience des uns et au manque de moyens des autres, refuse de se complaire dans les logiques rentières et leur corollaire, l’assistanat. «Nous sommes l’avenir, nous sommes les énergies qui vont construire l’Algérie de demain, nous en avons marre des morosités et des défaitismes. Nous respectons ceux qui nous critiquent mais n’abdiquerons jamais devant leur entreprise de démoralisation», clame, à partir de son box, Toufik Lerari, patron de la Boîte de conseil «Communication Allégorie» et membre du conseil exécutif du FCE. Même Nawal, qui reste froide, refuse de céder au chant des sirènes. «La situation est aujourd’hui telle qu’il est difficile d’émerger.
De plus, il y a toujours des partis qui veulent nous replonger dans le boumediénisme, mais la démarche du FCE est suffisamment cohérente et forte pour y faire face. Elle est venue un peu tard, mais ce n’est jamais trop tard pour bien faire», a-t-elle indiqué. Anouar, promoteur d’une start-up spécialisée dans l’expertise informatique, lui aussi se sent interpellé.
«Je suis un jeune chef d’entreprise. Je ne veux pas être populiste. Ce n’est pas pour sauver l’Algérie que je travaille et que je veux travailler plus. Tout ça, c’est du populisme. Je travaille pour gagner et mes seuls moteurs sont l’amour que j’ai pour ce que je fais et le sens de l’intérêt», a-t-il déclaré, relativisant le discours de Brahim Benabdesslam, chargé des questions économiques du FCE qui assimilait dans son discours l’acte d’investir au patriotisme, avant d’ajouter: «Je n’en veux pas le moins du monde aux anciennes générations. Elles ont libéré le pays et elles l’ont fait pour se libérer elles-mêmes de l’injustice coloniale.
Aujourd’hui, les Algériens ne sont pas heureux. Ils vivent dans la crise. Donc, ils n’ont pas d’autre choix que celui de construire une économie forte, diversifiée et génératrice de richesses. Tout cela n’a rien de volontariste» a-t-il analysé. Massiva, jeune chef d’une entreprise de recyclage d’aluminium préfère se mettre à mi-chemin quant à l’optimisme du FCE et de sa branche juvénile, Jil FCE. «Le discours du FCE nous rassure. Mais pas à 100%. Car, on a l’impression que la promotion de l’entrisme est en train de se faire effectivement, mais au profit de certains grands investisseurs seulement. Ça reste une impression bien sûr. J’espère que l’on n’ira pas d’un monopole public vers un monopole privé», a-t-elle laissé entendre, perplexe.
L’adhésion morale des quelque 700 jeunes entrepreneurs présents à la rencontre était visible dans tous les regards et tous ceux qui ont été interrogés ou qui ont pris la parole en public en ont attesté. Néanmoins, dans chacun des propos recueillis, une petite dose d’appel au soutien, d’appel au secours, se laissait sentir.
Evidemment, la culture entrepreneuriale a gagné beaucoup de terrain en Algérie grâce notamment aux écoles de business qui ont été ouvertes dans toutes les régions du pays, mais aussi sous l’impulsion des leaders économiques qui ont atteint des stades très avancés et qui commencent à se déployer à l’international. Mais cette culture a besoin de se fructifier, ce qui nécessite un encadrement de qualité et un accompagnement quotidien.
Dans ce sens, Brahim Benabdesslam assure: «Nous sommes là pour vous, l’avenir vous appartient.»