Le Front des forces socialistes (FFS) ne compte pas rester en marge de la fièvre présidentielle. Le vieux parti d’opposition, qui a décidé de boycotter le scrutin, va intensifier ses sorties sur terrain afin de convaincre les Algériens de la nécessité de bouder les urnes. En effet, la direction du FFS continue de sillonner les quatre coins du pays, avant même le début de la campagne électorale pour l’élection du 18 avril prochain. Après les rencontres tenues à Sidi Bel Abbès et Sétif par Ali Laskri et Mohamed Hadj-Djilani, les cadres de la direction descendront dès ce week-end dans les fiefs traditionnels du parti, à savoir Tizi Ouzou et Béjaïa. Nous apprenons ainsi que des meetings et rencontres avec les citoyens sont programmés dans les localités d’Illilten, Tadmait, Aghribs, Azazga et Aït Yahia Moussa pour Tizi Ouzou, tandis que pour la capitale des Hammadites «le programme est au stade de finalisation». A Bouira, les membres de la direction nationale seront à Ath Rached et Mechdellah.
D’autre part, les préparatifs pour deux grands meetings populaires à Oum El Bouaghi et à Relizane, les 22 et 23 février prochains, «vont bon train», nous dira Jugurtha Abbou, secrétaire national chargé à la communication. Rien ne semble faire fléchir la détermination du FFS à faire entendre sa voix, malgré la zone de turbulences qu’il traverse actuellement avec la fronde montée contre le premier secrétaire national, Mohamed Hadj Djilani, après sa nomination. Depuis le dernier conseil national du parti, où Hayat Tayati, membre de l’instance présidentielle, avait pris la parole pour demander à Djilani de sortir car n’ayant pas la qualité de membre du CN, et de ce fait non éligible au poste de premier secrétaire. Une vague de démissions s’en est suivie. Au sein du secrétariat national, trois membres ont déjà claqué la porte, Mohamed Achir, Abdelmalek Bouchafa et Rachid Chaibi.
Mais, pour Hadj-Djilani, voire même pour Ali Laskri, «il n’y a aucune crise au FFS».
«Les statuts s’appliquent à tout le monde au sein du parti et le débat contradictoire est garanti à l’intérieur des instances», ont-ils déclaré récemment. Pour Jugurtha Abbou, interrogé sur cette fronde et ses probables répercussions sur la campagne que mène le parti en faveur du boycott, «les militants du FFS sont conscients, nul ne les détournera de l’essentiel». «Aujourd’hui, le plus important et le plus essentiel est d’expliquer à la population les enjeux actuels, qui sont d’une gravité extrême pour l’avenir du pays et le devenir des Algériens», a-t-il ajouté, estimant que «les militants du FFS ont depuis la résolution du conseil national pris conscience de la nécessité de réussir cette campagne de boycott».
C’est dire qu’au niveau de la direction nationale, la concentration est sur le travail de terrain et non sur la guerre fratricide qui peut parasiter la réussite de la campagne. Selon le chargé à la communication, les cadres du parti, députés et membres du secrétariat national, «se chargeront d’animer les rencontres».
Abbou promet même des sorties dans la capitale, où les manifestations sont interdites par décret non publiable depuis 2001, pour se rapprocher des citoyens dans les lieux publics. Le FFS mise beaucoup sur la proximité et le contact direct qui permet de mieux transmettre le message du boycott et de la nécessité de se mobiliser autour du projet de reconstruction du consensus national. «Nous sommes sur le terrain, nous sortirons même dans la capitale, dans les métros et dans les universités pour distribuer les appels à mobilisation des Algériens et des Algériennes», affirme-t-il. n