L’association “Écritures et spiritualités” a organisé un salon du livre dédié à “La poésie dans les religions” qui a rassemblé une centaine d’auteurs de différents pays.
L’association “Écritures et spiritualités” a organisé, samedi à la mairie du VIe arrondissement de Paris, un salon du livre dédié à la poésie dans les religions – ou la poésie des religions. L’auteure Karima Berger, présidente de cette association, a souligné à propos de cet événement : “Nos religions sont ancrées dans des textes et la parole. Même défigurées par l’obscurité du monde, leurs écritures ont traversé les siècles, et nos bouches continuent de les proférer, les dire, les mâcher pour qui veut goûter au festin de la Création.” Ainsi, pour dire cette beauté du texte et nous faire lire et connaître une littérature de l’ouverture et du partage dans la différence, afin de s’évader quelque peu du contexte de laideur et de violence infligé par un monde matérialiste et égoïste, 100 auteurs étaient présents à cette belle rencontre forte en spiritualité et riches en diversités pour faire lire leurs mots tout en poésie et en amour de l’autre.
Parmi les auteurs invités à ce partage spirituel et poétique, Mustapha Chérif nous parle de cet événement important à ses yeux qui devrait se multiplier un peu partout. “Il y a aujourd’hui un grand besoin de véritable spiritualité au sens ‘éducation’ parce que les extrémismes de tout bord perturbent le sens réel de ce que veut dire spiritualité, culture et civilisation. Ma participation en tant que professeur des écoles et auteur algérien est surtout et avant tout de faire passer les messages de notre grande et mémorielle histoire, celle de l’Algérie, ce pays du juste milieu, ce grand carrefour des civilisations”, a-t-il souligné, tout en précisant : “Je participe ici avec un livre sur l’Émir Abdelkader El-Djazaïri, l’apôtre de la fraternité, celui qui représente la culture du vivre ensemble, de l’ouverture au monde, de la dignité, des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce visionnaire de toutes ces valeurs qu’il a mis en pratique, un être universel dans toutes ses dimensions…
Le monde vit actuellement une grave crise, et le monde musulman d’aujourd’hui a plus besoin que jamais de revenir à cette spiritualité salvatrice et unificatrice par le savoir et la connaissance.” Et de conclure : “L’éducation et la culture sont les éléments clés et la principale richesse d’un pays. Sans ces éléments, il n’y a pas d’avenir, alors il faut combattre les extrémismes, les obscurantismes, les fanatismes, à partir de la foi, de la connaissance et de l’éducation qui est le sens de la vie. Fiers d’être Algériens et ouverts sur le monde, c’est le message que nous essayons de faire passer à nos jeunes générations, leur donnant matière à réfléchir, loin de toute forme de propagande, d’idéologie ou d’instrumentalisation : il n’y a pas d’alternative au dialogue des civilisations !”
Présent à ce salon, l’artiste et auteur Rachid Koreichi nous confie : “Je suis content de participer à ce salon, et je dirais que parler de spiritualité est très important à l’heure actuelle, et si on en avait parlé longtemps et comme il faut, on n’aurait pas vécu les drames qu’on vit actuellement.
On doit parler de spiritualités au pluriel en évoquant aussi bien les religions monothéistes que toutes les autres religions, car il s’agit en fait et tout bonnement de l’humain !” Et d’ajouter : “C’est bien que cela se passe ici mais cela devrait se faire aussi partout dans nos pays, ce serait une sorte de fenêtre ouverte sur le monde…, plutôt une grande baie ouverte sur le paysage intérieur des uns et des autres et permettre aux jeunes de scruter les horizons de l’avenir, comprendre et réfléchir à la base de où on est partis…”
Était aussi présente Amel Chaouati qui signait ses ouvrages, l’un sur Assia Djebar et l’autre sur les Algériennes du château d’Amboise, en référence aux femmes entourant l’Émir Abdelkader. Interrogée sur la thématique, elle nous signale : “En fait, la spiritualité est au cœur même de l’humain, et c’est important d’en parler et d’échanger autour, mais on se rend compte aujourd’hui qu’on s’en éloigne de plus en plus à cause de ce monde devenu violent et matériel.” Et de renchérir : “L’écriture a une dimension spirituelle que chaque auteur exprime à sa manière pour la véhiculer vers le lecteur, et face aux guerres des religions qui nous entourent, et pour contrer la manipulation diabolique faite par certains sous des prétextes religieux faux et tendancieux, il devient primordial de nous réapproprier ce côté spirituel rassembleur et ouvert aux autres qui reviendrait aux principes de démocratie où chacun respecte la différence de l’autre.”