« Il faut un numerus clausus » : y a-t-il trop de médecins en Algérie ?

« Il faut un numerus clausus » : y a-t-il trop de médecins en Algérie ?

Le président du Conseil national de l’ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani, lors de ses dernières sorties médiatiques, met sur le tapis un problème tabou dans le milieu médical. Le spécialiste assure que l’Algérie compte beaucoup de médecins, et que la réforme du secteur de la santé doit miser, non sur la quantité, mais sur la qualité.

Tout le monde rêve de devenir médecin, c’est ce que vient nous rappeler Bekkat Berkani qui, dans des déclarations accordées à nos confrères du quotidiens Le Soir d’Algérie, a clairement affirmé qu’en Algérie « Il y a un excès de médecins ».

La moyenne nationale, selon les calculs du responsable, est d’un médecin pour 1 000 habitants. Un chiffre qui met l’Algérie loin devant le Maroc et la Tunisie, ce qui n’est pas forcément une bonne chose, estime le spécialiste qui trouve « Il faut revoir les constantes et essayer de freiner cette formation en excès, car nous sommes l’un des pays qui forme le plus de médecins».

Faut-il limiter le nombre de médecins ?

Selon le Dr Bekkat Berkani, «Il faudrait un numerus clausus, puisque 50% des élèves qui ont le bac veulent faire médecine comme premier choix, mais les études médicales demandent un certain profile, et il faut privilégier la qualité sur la quantité».

Le docteur défend sa position, et explique qu’il a plus de 75 000 médecins répartis sur le territoire national, et que cependant, bien que le nombre soit amplement suffisant, « en matière de qualité, c’est un autre problème », lâche-t-il, avant d’ajouter que « malgré les scanners et les centres anti-cancer, la formation est restée celle des années 70 ».

Alors que la médecine à travers le monde « est devenue plus technique et fine », en Algérie, « nous formons des médecins spécialistes, mais généralistes », déplore le Dr Bekkat Berkani qui donne l’exemple de l’absence des spécialités de la cardiologie infantile ou interventionnelle chez les cardiologues formés en Algérie.

Le président du Conseil national de l’ordre des médecins va plus loin, il dénonce la « politique d’ouvrir des facultés de médecine un peu partout alors que futurs médecins qui ne savent pas formuler une phrase en français ». « Les études médicales demandent un certain profile, et il faut privilégier la qualité sur la quantité », termine le spécialiste.

Le professeur Rachid Belhadj, président du Conseil scientifique de la faculté de médecine d’Alger, est d’un tout autre avis. Il assure que le problème n’est pas lié au nombre des médecins en Algérie, mais plutôt répartition des médecins. Pour lui les praticiens sont beaucoup plus centrés dans le nord du pays, alors que le sud souffre d’un manque de médecins.

«Nous avons un départ massif de nos médecins spécialistes, rappelle aussi le responsable, notamment dans les spécialités d’anesthésie réanimation : réanimation cardiologie et radiologie, sans oublier ceux qui s’installent directement dans le privé, notamment les spécialistes en radiologie. »