Maintenu comme chef de l’État intérimaire malgré l’expiration de la période légale de son intérim depuis le 9 juillet, Abdelkader Bensalah a paru très affaibli, à l’occasion de la finale de la CAN à laquelle il a assisté, avant-hier, au Stade international du Caire. Lors du protocole de la remise du trophée aux camarades de Mahrez, les téléspectateurs ont pu voir un homme qui avait, en effet, du mal à marcher pour rejoindre la pelouse où était dressé le podium.
Pis encore, il a même failli faire une chute au niveau des petites marches du podium, n’eût été l’intervention de l’un des arbitres pour le tenir en équilibre. Si sa maladie est largement perceptible depuis déjà un moment, son état semble se dégrader davantage au fil de ses dernières apparitions, aussi rares soient-elles. En effet, ce n’est pas la première fois que l’homme paraît très affaibli. Lors de la prière de l’Aïd el-Fitr, le 4 juin dernier, Abdelkader Bensalah était déjà méconnaissable. Crâne dégarni, une conséquence de séances de chimiothérapie, traits tirés, visage émacié, l’homme avait paru, en effet, très fatigué. Cela, faut-il le rappeler, avait obligé les services de la Présidence à annuler la rituelle cérémonie de vœux prévue au Palais du peuple. Âgé de 77 ans, Abdelkader Bensalah avait été opéré, en 2015, dans un hôpital parisien. Les signes des traitements lourds, dont la chimiothérapie, sont de plus en plus apparents. Ces traitements semblent le marquer physiquement.
Selon des indiscrétions, l’état de santé de Bensalah serait de plus en plus un objet d’inquiétude au sein des hautes sphères du pouvoir. En l’absence d’une solution immédiate qui rendrait possible l’organisation d’une élection présidentielle, il n’y a d’autre choix que de maintenir l’homme comme chef d’État intérimaire, malgré sa maladie. Son retrait éventuel rendrait inévitable le recours à une transition politique, selon le schéma revendiqué par l’opposition et le mouvement populaire : la désignation d’une personnalité consensuelle ou d’un présidium composé de trois à cinq personnes crédibles pour remplir les fonctions présidentielles jusqu’à l’élection d’un nouveau chef de l’État. Un schéma maintes fois rejeté par le chef d’état-major de l’armée au motif qu’une telle formule comporterait des incertitudes, voire des risques, que nul n’a explicitées jusqu’ici.
Néanmoins, selon des observateurs, la dégradation de l’état de santé de Bensalah pourrait bientôt obliger les responsables de l’armée de recourir à cette voie. L’on parle déjà de pourparlers “informels”, qui seraient déjà engagés en vue d’ouvrir un dialogue avec les représentants de la “société civile” et de parvenir à un “consensus” sur l’installation d’une instance de transition qui pourrait s’imposer d’elle-même. Si le départ de Bensalah pour raison de santé devait advenir, il induirait, logiquement et sauf grande surprise, la dissolution du gouvernement Bedoui. Et, du coup, la période de transition jusque-là rejetée par le pouvoir deviendrait, de fait, incontournable.
Farid Abdeladim