Édité par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), ce volumineux dictionnaire de 2000 pages compte 65 716 expressions, traduites de tamazight au français.
Un grand dictionnaire français-tamazight et tamazight-français va paraître incessamment. Son auteur, Abdel-Hafid Idres, qui n’est pas à son coup d’essai en la matière, est en train de finaliser ce projet, qu’il couvait durant treize longues années. Le Grand dictionnaire – 2000 pages en 22×26 – compte 65 716 expressions.
Pourquoi expressions ? “Parce que la majorité des termes ce sont des expressions (des mots composés, ndrl) aussi bien en tamazight qu’en français. Exemples : figue sèche ; chambre à coucher, etc. Et certains mots en tamazight n’ont pas leur équivalent en français. Nawel (rouler le couscous) ne s’applique qu’au couscous. Idem pour Afedikh, Ifedekh, se blesser à la tête”, explique l’auteur, ceci pour dire tout le boulot et l’engagement qu’a exigé ce travail.
Et quand on sait que ces années de labeur n’ont pas été un long fleuve tranquille, on ne peut qu’être admiratif devant Da Hafid, les cheveux grisonnants.
Et pour cause : elles sont ponctuées de cinq hospitalisations, cinq interventions chirurgicales, sans compter les mois où il était cloué au lit. Et c’est après deux années de rééducation à l’hôpital spécialisé d’Ilmathen que Abdel-Hafid Idres a pu poursuivre son travail. Si on y ajoute les tracas techniques – pannes informatiques qui ont obligé le sexagénaire à remplacer son vieil ordinateur – auxquels il a dû faire face, c’est un miracle que Da Hafid soit parvenu à rendre sa copie, qu’il espère laisser pour la postérité. En effet, c’est en étant diminué physiquement – l’acuité visuelle et l’ouïe en baisse, deux paralysies faciales – qu’il a dû lire près d’une centaine d’ouvrages de référence, prendre des notes.
L’ouvrage le plus ancien est daté de 1864. “C’est avec du courage, de l’amour pour ma culture que j’ai tenu. Sans cela, j’aurais certainement abandonné il y a longtemps. En étant alité dans un lit d’hôpital et obligé d’écrire pour terminer cet ouvrage, je peux vous assurer que ce n’est pas évident du tout, d’autant que l’aide que j’ai eue était ponctuelle, du moins temporaire. Si on y ajoute la transcription de certaines lettres qu’il a fallu inventer car ne figurant pas sur mon ordinateur… C’était franchement fastidieux”, conclura-t-il.
À signaler que l’ouvrage sera pris en charge par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA). Le secrétaire général de cette institution, Si El-Hachemi Assad, avait compris en consultant le brouillon que c’était du costaud. Il n’avait pas tort, le volumineux ouvrage – il pèse 3,6 kg – fera date. Il y a même fait référence dans un entretien qu’il a accordé au site “HuffPost Algérie” le 25 décembre 2016. “(…) La fête de Yennayer nous a permis d’établir un premier état des lieux sur l’enseignement de tamazight. Nous avons inauguré des cours au mois de septembre 2015 dans les écoles de la localité. Il y a aussi l’étape de Béjaïa et le projet du Grand dictionnaire amazigh.” C’est désormais chose faite.