Coupures d’eau et d’électricité pendant des heures partout dans le pays les jours de l’Aïd. Il n’en fallait pas davantage pour exacerber la colère des citoyens et illustrer la faillite du gouvernement.
La gestion désastreuse des affaires courantes liées aux spécificités de l’Aïd el-Adha illustre l’incapacité des membres du gouvernement Bedoui à assurer convenablement les missions conférées à leurs départements respectifs. La veille de la fête religieuse, le ministre des Ressources en eau croyait bien faire en informant que des mesures spéciales avaient été prises pour parer aux perturbations dans l’alimentation des ménages en eau potable.
Il a été démenti, dimanche matin à l’heure du sacrifice, soit au moment où les besoins en eau sont immenses. Les robinets étaient à sec, toute la journée, dans des dizaines de communes de la capitale et dans d’autres wilayas. Les citoyens ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux et, quelquefois, sur la voie publique, dans certaines régions.
À Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, la population locale a bloqué, dans la soirée de samedi à dimanche, la route au niveau du siège de l’unité de l’ADE (Algérienne des eaux) pour protester contre les coupures de cette ressource vitale. Comme un malheur ne vient jamais seul, les habitants de plusieurs quartiers de la banlieue Est d’Alger ont souffert de pannes de gaz et d’électricité dans la journée de dimanche. Conséquence : les carcasses de moutons égorgés dans la matinée n’ont pas résisté à la forte chaleur.
La viande avariée a été jetée devant le siège de Sonelgaz d’El-Harrach par des citoyens furieux contre les responsables de l’organisme. Par ailleurs, les menaces du ministre de tutelle de sévir contre les gérants des commerces de proximité et des boulangeries qui ne respecteront pas leur permanence, durant les deux jours fériés, ont été un véritable coup d’épée dans l’eau. Les rideaux sont restés hermétiquement baissés, à de rares exceptions, dans les villes, jusqu’à hier après-midi.
Par défaut de légitimité, le gouvernement Bedoui peine à asseoir son autorité, à montrer sa crédibilité et à prouver son efficacité dans la gestion des affaires courantes, des plus simples aux plus difficiles. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Hassan Rabhi, a regretté, dans une conférence de presse animée au mois d’avril dernier, que les médias ne relayent pas assez largement sa volonté de partager équitablement la publicité institutionnelle, par le truchement de l’Anep, entre tous les titres de la presse écrite, quelle que soit leur ligne éditoriale.
Ce n’était qu’une profession de foi. Les journaux, qui ne s’alignent pas derrière le régime, sont systématiquement privés de la manne publicitaire. Des mois après l’incarcération des hommes d’affaires tels qu’Ali Haddad, les frères Kouninef et Mahieddine Tahkout, il n’est pas parvenu à trouver une solution pour l’administration de leurs entreprises dont les comptes bancaires sont bloqués par la justice et par là même le versement des arriérés des salaires de milliers de travailleurs.
Ces derniers, exaspérés par la situation, organisent régulièrement des sit-in, sans résultat probant jusqu’ici. L’Exécutif n’est pas du tout acteur dans la crise politique et ne trouve pas, selon des experts, des options rassurantes au déficit budgétaire et à l’arrêt quasi total de l’investissement. Ses défaillances seront plus remarquables à la rentrée sociale, qui sera, sans aucun doute, houleuse. Son rejet viscéral par la rue contribue grandement à compliquer sa mission, déjà laborieuse.
Souhila H.