“La priorité pour le peuple est la rupture avec le système en place (…), la dissolution des institutions illégitimes actuelles et l’engagement d’un processus de transition”, a-t-il souligné.
Le député et membre de la direction du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Ouamar Saoudi, accuse le pouvoir de “prendre en otage” le pays et de mener une “contre-révolution” dont l’objectif, regrette-t-il, est de sauver le système politique en place. L’élu du RCD qui a animé une conférence-débat, avant-hier soir, au siège régional du parti à Alger, à l’initiative des femmes progressistes du RCD, soupçonne l’existence d’un “agenda caché” du régime actuel.
Il en veut pour preuve toutes ces manœuvres successives pour tenter de détourner et de dévoyer la révolution populaire depuis son avènement, le 22 février, à ce jour. Le vice-ministre de la Défense, détenteur du pouvoir de fait, et “ses partisans” ne semblent pas mus par la volonté de construire un État, selon lui. “Ils sont, pense-t-il, beaucoup plus dans une démarche de sauvetage du système, quitte à tourner le dos à toutes les revendications du peuple”. De l’avis de M. Saoudi, cette démarche s’inscrirait plutôt dans le prolongement de la lutte des clans au pouvoir.
Pour M. Saoudi, la lutte menée contre la corruption ou contre les adversaires du clan fort du moment est loin d’être la priorité du peuple. “Que des corrompus et des corrupteurs soient poursuivis, c’est tant mieux. Mais est-ce vraiment l’objectif du mouvement populaire à ce stade ? Évidemment non. La priorité pour le peuple est la rupture avec le système en place. La priorité pour le peuple, c’est la dissolution des institutions illégitimes actuelles et l’engagement d’un processus de transition”, a souligné le conférencier qui a réitéré, à l’occasion, les propositions faites dans ce sens par son parti. M. Saoudi estime que “la mise en place d’une charte constitutionnelle d’engagement est le minima sur lequel l’ensemble des acteurs doit s’entendre avant d’aller aux élections”.
L’actuelle Constitution, dit-il, étant devenue caduque, la solution politique s’impose d’elle-même. “Aujourd’hui, il ne peut plus y avoir de solution constitutionnelle. La solution politique s’impose. Il faut absolument sortir de la Constitution. Les seuls articles de la Constitution applicables aujourd’hui sont les articles 7 et 8 pour dissoudre les deux Chambres du Parlement et le gouvernement”, a-t-il expliqué. Les institutions, rappelle le conférencier, n’ont plus d’emprise sur la société et le gouvernement est “clandestin”.
Pour lui, aller vers une période de transition est désormais vital pour le pays. Il s’oppose, en revanche, à l’idée d’élire une Assemblée constituante en ce sens que cela nécessite, dit-il, beaucoup plus de temps.
“Il y a urgence de redresser le pays et remettre en place les institutions nécessaires pour son fonctionnement pour ne pas attendre l’élection d’une Assemblée constituante qui nécessite au moins une période de deux ans, même si nous ne sommes pas contre le principe”, a commenté M. Saoudi suggérant, au passage, que les partis politiques ne se mêlent pas forcément de la gestion de la période de transition. En attendant, l’élu du RCD insiste sur la nécessité de maintenir la mobilisation et d’occuper davantage les espaces de débats.
Farid Abdeladim