Prenant conscience qu’il n’avait plus aucune protection et que rien ne pouvait empêcher sa mise sous mandat de dépôt, Tliba a choisi de fuir et de créer tout un mystère sur les raisons de sa fuite.
Bahaeddine Tliba réussira-t-il à se soustraire à la justice algérienne? Le député de Annaba, déchu de son immunité parlementaire, n’a pas répondu à la convocation de la justice et serait, selon des sources citées par des médias nationaux, en état de fuite au Royaume-Uni. L’homme d’affaires poursuivi dans l’enquête ciblant les enfants de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès ainsi que le dossier de financement occulte de la campagne électorale de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika et le financement occulte des listes de partis politiques ainsi que des campagnes électorales du Front de Libération nationale (FLN), lors des élections législatives et locales, aurait choisi de se réfugier de l’autre côté de la Méditerranée.
Bahaeddine Tliba, qui a amassé une grosse fortune en un laps de temps très court, est connu pour avoir trempé dans de l’eau trouble. Il se voyait tout-puissant avec ses anciens appuis, mais sa fin n’a pas tardé à sonner avec la chute en cascade de tous les hommes forts du système dont la majorité se trouve, actuellement, à la prison d’El Harrach. Prenant conscience qu’il n’avait plus aucune protection et que rien ne pouvait empêcher sa mise sous mandat de dépôt, Tliba a choisi de fuir et de créer tout un mystère sur les raisons de sa fuite. Sûrement pour avoir le statut de victime d’un système corrompu.
Un procédé auquel il a déjà recouru juste avant le vote du Parlement pour le retrait de son immunité. La veille de ce vote, faut-il le rappeler, le député a rendu publique une correspondance dans laquelle il a affirmé être «victime des relais de la Isaba». Il a accusé de chantage les enfants de Djamel Ould Abbès, qu’il a eu, souligne-t-il, à dénoncer en 2017. «J’ai déposé plainte et l’affaire a fini par être étouffée» a soutenu dans son communiqué, le député. Aujourd’hui que la «Isaba» et ses relais sont neutralisés, pourquoi Tliba a choisi de s’enfuir? Il avait enfin la possibilité d’obtenir justice pour la plainte qu’il dit avoir déposée pour chantage. Au lieu d’opter pour la voie légale, il semble que Tliba ait choisi le chemin sinueux qu’il connaît le mieux, celui de l’illégalité.
Le député déchu qui confirme donc qu’il a beaucoup à se reprocher, aurait traversé illicitement la frontière vers la Tunisie pour rejoindre ensuite par voie maritime l’Italie et de là, il se serait envolé vers Londres. Actuellement, Bahaeddine Tliba serait en train de constituer le dossier nécessaire pour déposer une demande d’asile. Une action qui vise à le protéger d’un mandat d’arrêt international. Cela rappelle étrangement l’affaire Abdelmoumène Khalifa qui a fini, après plus d’une décennie de bataille judiciaire, par être extradé et jugé en Algérie. Bahaeddine Tliba cherche sûrement à bénéficier de cette grande marge de temps que prendra la bataille judiciaire pour son extradition. Le député pense peut-être que «les choses vont se tasser», une fois la crise politique dépassée. La justice lui démontrera sûrement qu’il est dans le tort.
Car, depuis le début des manifestations pacifiques qui ont éclaté dans le pays, le 22 février dernier, beaucoup ce choses ont changé, principalement en ce qui concerne la justice. Cette dernière s’est lancée dans une bataille sans merci contre tous les corrupteurs et les corrompus sans distinction aucune. Qui aurait pensé qu’en Algérie, autant d’hommes influents et qui avaient tous les pouvoirs entre leurs mains seraient mis en prison? Jusqu’au 22 février dernier, personne n’aurait pensé qu’un ministre pouvait être inculpé, mais aujourd’hui, deux Premiers ministres, des dizaines de ministres et autant de walis, élus et autres hauts fonctionnaires sont en prison. Même ceux qui étaient censés représenter la loi et la défendre ont été emprisonnés dès que leur implication dans des affaires illégales a été confirmée. Cela a été notamment le cas, faut-il le rappeler, de l’ex-Dgsn, Abdelghani Hamel et de l’ex-garde des Sceaux, Tayeb louh. C’est là une preuve irrécusable que personne ne sera plus au-dessus de la loi.