C’est un Bakhti Belaïb révolté qui s’est exprimé hier, à l’occasion de sa rencontre, à la Safex d’Alger, avec les organisations de protection des consommateurs, s’attaquant ouvertement aux “lobbies” et autres bras longs qui défient les institutions et les lois de la République.
Il s’en est pris, particulièrement, sans le citer, à un importateur de pièces détachées automobile lequel, raconte-t-il, outré, avait défié et proféré des menaces contre son département qui avait décidé de bloquer, pour non-conformité, sa marchandise au niveau du port. Un défi que l’importateur en question réussira grâce, regrette le ministre, à la “complicité y compris de certains cadres du ministère”. Si les containers, raconte encore le ministre, ayant pu quitter le port sans l’autorisation du ministère, avaient été saisis quelques jours plus tard, à Sétif, leur propriétaire a, quant à lui, réussi à prendre la fuite à Dubaï.
Voilà, entre autres, ce qui a poussé le ministre, se défend-il, à faire le ménage dans son département. “Je suis accusé d’être le ministre qui a chassé le plus grand nombre de cadres de mon secteur. Que les gens qui m’accusent sachent que si j’avais décidé de mettre fin aux fonctions de quelques cadres, c’est parce que j’avais toujours des arguments et des preuves tangibles. Je n’ai jamais agi pour faire du tort à Untel”, a justifié M. Belaïb qui regrette que le phénomène de la corruption et la délinquance soient aujourd’hui “généralisés”.
Pour illustrer davantage cette situation désolante qui marque le pays, le ministre citera l’autre exemple d’une plainte qu’il avait reçue de la part d’une citoyenne, victime d’une intoxication après avoir mangé dans un restaurant huppé de la capitale. “Il m’a fallu intervenir personnellement et à deux reprises pour que ce restaurant, à l’apparence huppée, soit enfin fermé. J’ai appris qu’il y avait quelqu’un derrière”, déplore M. Belaïb, qui se dit déterminé à faire la guerre aux mauvaises pratiques quitte à perdre son portefeuille de ministre. “Ma devise est claire : celui qui n’applique pas les lois et les règlements, qu’il prenne ses affaires ! Désormais, ma carrière est derrière moi et si je dois quitter demain mon poste de ministre, je voudrai bien le quitter la conscience tranquille”, a-t-il dit.
Interrogé, par ailleurs, sur la question du retour de l’importation des véhicules d’occasion, le ministre a réitéré son vœu d’arrêter la qualité des Algériens habilités à le faire mais aussi et surtout d’établir des cahiers des charges stricts. “Le retour à l’importation des véhicules d’occasion est, certes, incontournable puisqu’il s’agit d’une mesure rentrant dans le cadre du processus de négociation de notre adhésion à l’OMC, néanmoins, il y a encore des divergences sur qui aurait le droit d’importer ces véhicules : les uns veulent que l’opération soit confiée aux concessionnaires, les autres veulent qu’elle soit confiée à de nouveaux opérateurs, et d’autres veulent que l’importation soit permise à l’ensemble des citoyens. Voilà pourquoi, au niveau du ministère et du gouvernement, nous préconisons d’ouvrir une consultation sur cette question puis établir des cahiers
des charges clairs”, a expliqué le ministre refusant, du coup, d’arrêter un quelconque échéancier sur ce dossier qui attise déjà bien des convoitises.
Pour revenir à l’ordre du jour, à savoir sa rencontre avec les organisations des consommateurs, le ministre a procédé à cette occasion à la présentation du nouveau texte réglementaire interministériel portant sur l’étiquetage nutritionnel qui a pour objectif de fixer des normes, notamment en matière des taux de sucre, de sel et de matières grasses contenus dans les aliments. Ces trois produits étant classés parmi les plus dangereux pour la santé humaine.