Il recule sur les marchés informels: L’euro se tasse

Il recule sur les marchés informels: L’euro se tasse

Et la chute n’est pas terminée, promettent les cambistes de la place forte d’Alger qui justifient le phénomène par l’érosion observée depuis deux mois des importations.

Depuis mai dernier, l’euro a gravi des sommets inégalés, donnant des sueurs froides aux Algériens qui s’apprêtaient à partir en vacances.



Dans les différents marchés informels des différentes, mais pour une fois rigoureusement semblables, régions du pays, la monnaie unique européenne semblait poursuivre une marche inflexible vers des niveaux historiques sans cesse plus élevés, phénomène justifié par la crise née de la chute des prix des hydrocarbures entre autres explications.

Mais l’épisode de la régulation du commerce extérieur à coups de licences d’importation et la hantise des importateurs rendus méfiants par le tour de vis du gouvernement précédent qui a fait planer l’ombre d’un glacis économique et poussé les Algériens à anticiper une longue nuit de pénuries ont dynamité le processus de telle sorte que l’euro a brutalement régressé jusqu’à 188 DA, une semaine à peine après les 194 DA «affichés» quelques jours plus tôt.

Et la chute n’est pas terminée, promettent les cambistes de la place forte d’Alger qui justifient le phénomène par l’érosion observée depuis deux mois des importations. Les plus gros montants qui déterminent le taux de change sur les marchés parallèles sont le fait de ces nababs de l’import-import. Or, les vents contraires qui ont soufflé durant trois mois avec la mise en oeuvre du programme Tebboune les ont acculés à une certaine prudence, assortie d’une phase de temporisation, de sorte que la manne de devise européenne, un temps portée par les deux millions d’Algériens partis en vacances à l’étranger, commence peu à peu à s’infléchir au bénéfice de la monnaie nationale, longtemps dépréciée.

Tels sont les ingrédients d’un mécanisme encore balbutiant, mais dont il semble que l’élan soit appelé à se poursuivre durant quelques mois encore, sous le double effet d’une politique cahotante et de la somme de facteurs économiques contraignants tels que les quotas et les bocages de containers. Et pour cause, la forte demande habituellement observée pendant les vacances d’été et la période du pèlerinage à La Mecque n’ont pu maintenir l’euro à son niveau du mois de juin, même si son taux demeure encore très élevé.

On observe d’ailleurs que sur le marché officiel interbancaire, la monnaie unique n’a pas beaucoup bougé, flirtant en fin de semaine avec les 129 dinars, son plus haut degré dans les cotations fixées par la Banque d’Algérie. Nombre de cambistes affichent volontiers un certain «pessimisme», convaincus que sa valeur va continuer à se déprécier du fait de la réserve affichée par les importateurs dont l’expectative devrait néanmoins laisser place aujourd’hui à un regain de certitudes, compte tenu du changement de cap manifesté par le récent changement de gouvernement. Après avoir réduit sensiblement leurs activités, ils vont guetter quelque temps la latitude des mesures initiées pour diminuer le nombre des restrictions et l’impact de celles qui ont concerné le déblocage des marchandises importées avant la promulgation des lois afférentes. Mais le temps des cerises n’est pas pour autant de rigueur.