“Au lieu d’agir en politique responsable face à un peuple légitimement en colère, le pouvoir a voulu régir une population sommée d’exécuter des ordres sans demander son reste”, note Jil Jadid.
Le parti Jil Jadid de Soufiane Djillali est formel : la tenue de l’élection présidentielle dans le climat politique actuel, marqué notamment par une volonté du pouvoir de “régir” la population à travers un durcissement de la gestion et des arrestations, n’est pas de nature à susciter l’adhésion des électeurs. Pire, elle compliquera, à ses yeux, la crise.
“Au lieu d’agir en politique responsable face à un peuple légitimement en colère, le pouvoir a voulu régir une ‘population’ sommée d’exécuter des ordres sans demander son reste”, note Jil Jadid dans un communiqué publié hier à l’issue de la réunion de son conseil national. “Dans ces conditions, le dialogue officiel n’a pu consacrer des mesures d’apaisement qui auraient dû lui donner ses meilleurs arguments. Au contraire, le pouvoir, au lieu de faire preuve de patience et de compréhension, durcit sa gestion, et les arrestations, y compris d’hommes politiques, n’ont pas cessé. L’élection présidentielle projetée a peu de chances d’entraîner l’enthousiasme populaire et compliquera la crise au lieu de la résoudre”, estime-t-il. Dans son constat de la situation, Jil Jadid se dit “inquiet” de l’évolution de la situation politique du pays dans laquelle le régime l’a entraîné. “La montée des tensions est palpable. La confrontation des volontés échauffe les esprits. Les voix prônant la radicalité s’élèvent de toutes parts, excluant parfois la raison”, observe-t-il. Selon lui, un “vrai dialogue” aurait pu aboutir à une synthèse des propositions avancées par les différents partis, et une élection présidentielle préparée “convenablement” aurait pu ouvrir un processus constituant et ce, dans la sérénité et la coopération. “Malheureusement, la rupture de confiance est trop profonde. Des décennies de mensonges, de prédations, de manigances et de mépris du peuple ont fait que les ‘passerelles’ sont rompues et que les hommes de bonne volonté se sont réfugiés dans une abstinence politique inévitable”, déplore-t-il. “L’impossibilité évidente de cristalliser la volonté populaire dans des figures politiques nationales est l’un des résultats objectifs de la politique de dislocation de la volonté populaire menée par le régime Bouteflika”, ajoute-t-il. Même s’il relève l’apparition de quelques voix jusqu’au-boutistes au sein du mouvement, Jil Jadid endosse la responsabilité de l’échec de la résolution de la crise au pouvoir en place : “L’agitation et parfois ‘l’hystérisation’ d’individus infiltrés dans le mouvement et rejetant toute initiative politique ont fini par rompre toute possibilité de convaincre le pouvoir d’aller à la négociation. Cependant, quelles que soient les raisons, objectives et subjectives, c’est le pouvoir, au final, qui a été jusqu’à maintenant incompétent dans sa gestion de la crise.” “En voulant apparaître comme garant d’une légalité constitutionnelle surfaite, il a fini par exposer ses institutions les plus sensibles à l’ire populaire. C’était à lui de se mettre au-dessus de la mêlée. C’était à lui de se mettre à l’écoute du peuple. C’était à lui de prouver aux Algériens sa bonne foi. C’était à lui de rassembler le peuple, de le rassurer, de le mettre en confiance et de lui donner de l’espoir”, souligne le parti de Soufiane Djillali.
K. K.