Attirer des investissements américains vers l’Algérie et trouver des débouchés commerciaux pour les produits algériens, notamment en Afrique, sont désormais non plus une affaire d’opérateurs économiques, mais aussi d’Etat.
Le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, représente aujourd’hui l’Algérie au IIe US-Africa Business Forum à New York. Le rendez-vous est important. Pas seulement pour lui, mais pour le pays tout entier. D’une part, l’Afrique colle inlassablement aux talons de l’Algérie. Et ce n’est plus une question de nostalgie des temps du panafricanisme à fleur de peau, mais de vie ou de mort. Car, pour assurer la pérennité de son économie et sa stabilité, l’Algérie est tenue de se tailler une place de choix dans le continent africain qui constitue, selon nombre d’experts, la locomotive de la croissance mondiale pour les années à venir. D’autre part, l’Algérie, en tant que pays africain en voie de développement, est à la recherche de partenariats d’investissement et les USA, première puissance économique dans le monde, est sans nul doute un partenaire potentiel incontournable. Ces deux éléments font que le forum d’affaires US-Africa est d’une importance stratégique pour le gouvernement algérien.
Dans ce sillage, Abdessalem Bouchouareb dont le département ministériel représente le fer de lance du nouveau modèle économique promis par le gouvernement, a été désigné pour représenter l’Algérie aux travaux de ce IIe US-Africa Business Forum. Ce forum, qui réunira des chefs d’État africains et des décideurs économiques, dont des P-DG d’entreprises américaines et africaines, se tiendra sous le thème «Accroissement des échanges et des investissements entre les États-Unis et les pays africains». Programmé en marge des travaux de la 71ème session de l’Assemblée générale des Nations-unies, il se penchera sur le renforcement des liens commerciaux et d’investissement entre l’Afrique et les États-Unis d’Amérique, et ceux qui y prendront part examineront les voies et moyens de développer davantage les opportunités commerciales et d’affaires entre les Etats-Unis et l’Afrique. En marge de la première rencontre, au cours de laquelle il sera question de l’engagement du secteur privé américain en Afrique dans des secteurs comme la finance et l’investissement, les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, les biens de consommation, la santé et les technologies de communication et de l’information, le ministre de l’Industrie et des Mines s’entretiendra avec plusieurs dirigeants politiques et chefs d’entreprise sur les questions relatives au développement économique de l’Algérie, notamment les opportunités réelles de développer de véritables partenariats en mesure d’aller conquérir des parts de marché sur le continent africain. Abdessalem Bouchouareb, selon une source du ministère de l’Industrie et des Mines, saisira également cette occasion pour faire la promotion du prochain forum d’affaires Algérie-Afrique prévu en décembre 2016.
Ainsi, après avoir longtemps tourné le dos à l’Afrique, l’Algérie fait des pieds et des mains pour s’y trouver une place. L’Afrique, étant en phase de devenir la locomotive de la croissance mondiale, ne laisse pas indifférent. Beaucoup d’investisseurs, des quatre coins du globe, s’y intéressent et s’empressent pour s’y installer. Des Chinois, des Américains, des Allemands, des Iraniens, des Libanais, des Israéliens notamment, ont déjà pignon sur rue dans certains pays comme le Sénégal, le Ghana, le Kenya, la Côte d’Ivoire, etc. Du côté algérien, malgré la proximité géographique et les liens historiques qui rattachent l’Algérie aux pays du continent avec lesquels elle a partagé l’expérience de décolonisation, on a longtemps tourné le dos à la région et ce n’est que depuis quelques mois qu’un effort particulier est fait au niveau du gouvernement pour la reconquérir. Dans le sillage de cette dynamique de «conquête», la Cgea – qui fait partie de l’Organisation africaine des employeurs, a signé un protocole d’accord pour un partenariat durable avec le patronat kenyan.
Le FCE a lui aussi mis en place une stratégie d’action pour se déployer en Afrique, notamment pour trouver des débouchés aux produits algériens. A son tour, la Caci a effectué carrément une tournée dans plusieurs pays africains, notamment suite à l’engouement des pays africains pour les produits algériens constaté lors des différentes foires internationales d’Alger. Mais, vu la dimension hautement stratégique de la démarche, les initiatives patronales ont certes débouché sur des résultats, mais qui restent très relatifs. L’Etat, qui se contentait jusque-là de mettre en place des mesures d’encouragement de l’exportation, notamment en réduisant les coûts du transport et en ouvrant des lignes directes vers l’Afrique, devait se mettre de la partie et c’est désormais chose faite: la conquête de l’Afrique est un projet d’Etat. Le travail qu’effectuera Abdessalem Bouchouareb à New York va sans nul doute se répercuter sur le niveau du Forum africain d’investissements et d’affaires qui va se tenir du 3 au 5 décembre prochain au Centre international de conférences (CIC) à Alger. Pour rappel, ce forum, placé sous l’autorité du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, dont l’organisation est assurée par le Comité d’organisation intersectoriel représenté par le ministère des Affaires étrangères, les ministères de l’Industrie et du Commerce ainsi que des représentants du patronat.
Dans la note conceptuelle de ce rendez-vous économique hautement stratégique, les organisateurs ont indiqué que «la grande manifestation économique continentale à Alger dont l’objectif est de réunir ensemble les gouvernements et les entreprises, les secteurs public et privé, les producteurs et les consommateurs, les concepteurs et les réalisateurs autour de la problématique centrale qui est le développement du potentiel économique africain, et de contribuer ainsi à la mise en oeuvre des décisions et du plan d’action de l’Union africaine pour l’intensification du commerce intra-africain et sa stimulation». Cette note a également expliqué que «le rendez-vous d’Alger se veut une expression du travailler ensemble pour réussir ensemble, pour une nouvelle avancée du compter sur soi collectif en vue de solutions africaines aux problèmes de l’Afrique».