Le secrétaire d’État français aux Transports a confié que “le travail se fait en collaboration avec ses collègues du Quai d’Orsay pour rapatrier l’argent”.
“Quinze millions d’euros sont bloqués en Algérie et nous travaillons avec le quai d’Orsay pour comprendre dans quelle mesure on peut débloquer cet argent, notamment pour le rapatriement en lien avec Air Algérie ou d’autres compagnies”, a confié, hier, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État français aux Transports lors de son passage chez Jean-Jacques Bourdin à BFM TV. Le secrétaire d’État français reconnaît, cependant, que le rapatriement de ce montant vers la France est “très complexe”. Et c’est le cas de le dire. On est même tenté de dire qu’il est quasiment impossible aux Français de récupérer cet argent à moins d’une solution politique. À plus forte raison que tous les responsables français, y compris le président Macron, qui ont rendu visite à l’Algérie ces dernières années, ont posé le problème.
Il faut savoir qu’il s’agit plutôt d’un passif antérieur à 2012, lié à une partie des dividendes qu’Aigle Azur n’a pas pu transférer en France, étant donné que la réglementation algérienne ne le permettait pas. Il s’agissait, selon une source algérienne proche du dossier, de “plus de 26 millions d’euros qui étaient en litige. Après moult interventions, Aigle Azur a pu récupérer une bonne somme. Il reste, en effet, environ 10 millions d’euros bloqués parce qu’il est difficile de les justifier”, nous a confié notre source, précisant que “la somme d’argent bloquée, actuellement est de l’ordre de 10 millions d’euros et non de 15 millions d’euros qui sont réclamés depuis des années pour des recettes cumulées entre 2002 et 2011”.
13 000 passagers bloqués dont 11 000 en Algérie
“Sur les 19 000 passagers qui se sont retrouvés en difficulté au plus fort de la crise, il en reste encore 13 000”, a indiqué, hier, le secrétaire d’État français aux Transports précisant que “sur les 13 000 qu’il faut rapatrier, on en compte 11 000 en Algérie qui voudraient rentrer en France, 500 à 600 au Mali, au Liban, à Moscou… Mais ce sont des volumes plus petits y compris au Sénégal”. Et pour ce faire, le secrétaire d’État français aux Transports a réuni, vendredi dernier au ministère, l’ensemble des compagnies françaises pour leur demander de prendre part au rapatriement qui devrait amener à normaliser la situation dans les deux à trois semaines à venir. Les compagnies algériennes Air Algérie et Tassili Airlines ont également pris part à cette solidarité aérienne en proposant des tarifs préférentiels.
Pour ce qui est de l’indemnisation qui ne saurait intervenir dans l’immédiat, la compagnie avait expliqué dans un communiqué la procédure à suivre. Les clients algériens ne représentent que 10% des passagers pénalisés et peuvent se rapprocher des agences de voyages pour une solution de rechange. Ceux qui ont acheté les billets auprès de la compagnie doivent le signaler et attendre.
Sept offres de rachat soumises
Le chargé des Transports dans le gouvernement français a évoqué, dans cette même émission, des repreneurs intéressés entre opérateurs français et étrangers. Il confirme l’intérêt manifesté par Air France et ne néglige pas la piste de l’actionnariat salarié. “C’est une demande d’une partie des pilotes”, a-t-il déclaré à BFM TV. Il se trouve que sept offres de rachat ont été soumises hier à l’administrateur judiciaire.
Il faudra, alors attendre 48 heures pour être fixé puisque c’est le délai donné aux soumissionnaires afin d’améliorer leurs offres. Il s’agit d’Air France, principale compagnie aérienne française, qui a proposé de reprendre l’activité moyen-courrier d’Aigle Azur, à l’image des vols vers l’Algérie et le Portugal (10 000 créneaux horaires à Orly). Les compagnies low-cost Easyjet, Vueling et Air Caraïbes ont également soumis une offre de rachat d’une partie des activités d’Aigle Azur.
On note aussi l’offre de Gérard Houa (actuellement actionnaire d’Aigle Azur à hauteur de 20%) qui veut reprendre l’ensemble des salariés mais pas le long-courrier et celle des deux anciens responsables du groupe Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau. Cependant, aucune compagnie ne propose pour l’instant de racheter l’ensemble des activités ce qui amènerait à sa liquidation.
Nabila SaÏdoun