Il fut militant nationaliste et responsable au sein des structures de la Révolution, puis opposant politique au lendemain de l’Indépendance. La vie d’Ahmed Mahsas n’était pas un fleuve tranquille.
Ahmed Mahsas, dit Ali Mahsas, a rendu l’âme, hier matin, à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja à Alger, où il a été admis récemment, à l’âge de 90 ans, des suites d’une longue maladie. Il sera inhumé, aujourd’hui, au cimetière d’El-Alia. Ahmed Mahsas est natif du 17 novembre 1923 à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès.
Issu d’une famille rurale, il s’engagea très tôt dans le combat nationaliste, en adhérant au Parti du peuple algérien (PPA) en 1940. Arrêté à plusieurs reprises dans le cadre de ses activités militantes, Ahmed Mahsas est désigné, quelque temps après, à la tête de la wilaya de Constantine et membre du comité d’organisation du PPA, car il était détaché à l’OS au moment du démantèlement de cette organisation par la police française. En 1953, Ahmed Mahsas fut à l’origine de la création du premier noyau du FLN en France avant de devenir le délégué politico-militaire de l’Est algérien et membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA).
Farouche opposant au Congrès de la Soummam, Ahmed Mahsas ne manquera pas de traiter Abane Ramdane, et bien d’autres militants qui ont pris part au Congrès, de danger pour la Révolution. Il se rendra, durant la même période, en Tunisie avant de s’évader et rester en Allemagne jusqu’en 1962. Après l’Indépendance, il rentre au pays où il occupera plusieurs fonctions, dont notamment celles de directeur de la Caisse d’accession à la propriété et à l’exploitation rurale, directeur de l’Office national de la réforme agraire et ministre de l’Agriculture et de la Réforme agraire. Il sera, aussi, désigné comme membre du comité central du FLN, avant d’être élu député d’Alger en 1964.
Après l’arrivée de Boumediene au pouvoir, Ahmed Mahsas s’oppose à lui et décide, dès lors, de s’exiler en France pour ne retourner au pays que deux ans après le décès de Boumediene.
Dès son retour en Algérie, il intégrera rapidement de nouvelles fonctions. Il fut désigné conseiller à la Société nationale d’édition et de diffusion (Sned). À l’ouverture démocratique, Ahmed Mahsas s’engagea dans le combat politique avec la création, en 1989, de l’Union des forces démocratiques (UFD). Un parti qui ne parviendra pas à ses fins puisqu’il disparaîtra du paysage politique national quelque temps après sa création. Depuis l’expérience avortée de l’UFD, Ahmed Mahsas, en tant que personnalité nationale, s’illustre par des prises de position par rapport à l’actualité nationale.
Il est parmi les rares personnalités nationales à avoir gardé intactes ses relations avec les islamistes du FIS et n’avoir pas pris de position contre les leaders du parti dissous. “Je suis l’un des rares à ne pas avoir fondamentalement condamné le FIS”, a-t-il déclaré à plusieurs reprises. En 2007, il sera désigné à la tête de la Commission nationale de lutte contre la corruption. Il est nommé, depuis janvier écoulé, membre du Conseil de la nation dans le tiers présidentiel.
M M