IL SIGNE LA LF 2017, ÉVITE DE PARLER D’AUSTÉRITÉ ET PASSE SOUS SILENCE LES SCANDALES Le grand zapping de Bouteflika

IL SIGNE LA LF 2017, ÉVITE DE PARLER D’AUSTÉRITÉ ET PASSE SOUS SILENCE LES SCANDALES  Le grand zapping de Bouteflika

Ni l’austérité, ni les menaces sur la paix sociale, ni les récents scandales, encore moins la situation sécuritaire et les élections ne sont évoqués au Conseil des ministres.

C’est la montagne qui accouche d’une souris : pour son dernier rendez-vous de l’année, le Conseil des ministres, présidé hier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n’a pas dérogé à la règle, ni sacrifié au rituel qui caractérise ces retrouvailles, assez rares au demeurant ces dernières années, entre le chef de l’État et ses ministres. Quelques projets de loi adoptés, quelques décrets présidentiels, une communication présentée par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes sur “l’expérience algérienne en ce qui concerne le rôle de la démocratie dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme” et, enfin, les vœux classiques de fin d’année pour les citoyens et les services de sécurité.

On apprend ainsi que le Président a invité le “gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des dispositions de la Constitution révisée au début de cette année, en matière de promotion et de garantie des droits et libertés des citoyens” et appelé “les magistrats à exercer toutes les attributions que leur confère la loi pour garantir le respect des droits et libertés des citoyens, en général, et des prévenus, en particulier”. Aussi, se félicite-t-on de ce que l’expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme fait désormais école. “L’Algérie a accompagné sa propre lutte contre le terrorisme par une politique de concorde civile et de réconciliation nationale initiée par Monsieur le président de la République, adoptée massivement par le peuple, et qui a donné des résultats remarquables. Cette démarche algérienne capte l’intérêt de plusieurs pays au moment où la communauté internationale est de plus en plus confrontée aux fléaux du terrorisme et de l’extrémisme violent. Plusieurs instances internationales, dont l’Organisation des Nations unies et le Forum global de lutte contre le terrorisme, ont sollicité l’Algérie pour partager sa propre expérience avec le reste de la communauté internationale”, souligne le communiqué du Conseil des ministres. Aussi, relève-t-on cette invitation à la mise en place des wilayas délégués des Hauts-Plateaux et ce souhait, somme toute naturel, que la nouvelle soit “marquée par la paix, la sérénité et le bien-être pour nos compatriotes, et par de nouvelles avancées dans la construction du développement national, de l’édification de l’État de droit et de l’approfondissement de la démocratie pluraliste”. On s’attendait pourtant à ce que le président de la République, face à l’angoisse qui commence à gagner des pans entiers de la population sous l’effet de la crise, ait quelques mots de réconfort et d’assurance à l’endroit notamment des couches les plus vulnérables de la population ou, à tout le moins, secouer un Exécutif tâtonnant dont la crédibilité est écornée par quelques ratés. Mais ni l’austérité que l’Exécutif refuse d’assumer, préférant le doux euphémisme de “rationalisation” des dépenses, ni les menaces sur la paix sociale, ni les récents scandales, encore moins la situation sécuritaire et les élections ne sont évoqués par le Conseil des ministres.

Tout se passe comme si le Conseil des ministres cherchait à délivrer le message que “tout va bien dans le meilleur des mondes”. À moins de chercher à dissimuler un malaise, de se “serrer les coudes face à l’adversité”, “d’attendre pour voir” dans ce contexte plein d’incertitudes pour procéder à quelques “réajustements nécessaires” ou encore de laisser le soin au gouvernement “d’aller au charbon”, le Conseil des ministres d’hier apparaît, par certains égards, comme une fuite en avant. Une attitude dont les dégâts s’avèrent, avec le temps, incommensurables.