Il vient de boucler sa 6e édition : Un festival théâtral en demi-teinte à béjaïa

Il vient de boucler sa 6e édition : Un festival théâtral en demi-teinte à béjaïa

Bien que le nerf de la guerre n’ait pas fait défaut, comme l’ont affirmé d’ailleurs les organisateurs, ce rendez-vous théâtral, dont on veut faire “un festival d’Avignon-bis”, se perd, malheureusement, de plus en plus, à telle enseigne que l’édition de cette année a fini par décevoir plus d’un.

Alors que sa cérémonie d’ouverture a été organisée en grande pompe au niveau du quai de l’Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), la 6e édition du Festival international de théâtre, qu’abrite chaque année la capitale des Hammadites, aura finalement connu de nombreux couacs qui ne manqueront certainement pas d’entamer sa réputation aux yeux des professionnels du 4e art, venus de plusieurs pays faire découvrir leur talent, mais aussi observer de près aussi bien nos performances artistiques que nos capacités organisationnelles de manifestations d’une telle envergure.

Afin de marquer le départ, les organisateurs du festival ont eu cette idée géniale qui consiste à donner le coup d’envoi de cette édition sur un navire marchand affrété pour la circonstance. Néanmoins, un tel coup d’éclat ne tardera pas à s’effriter au fil du temps, avant d’être perçu par certains observateurs de la scène culturelle comme un miroir aux alouettes. Les promesses mirifiques de M. Fetmouche, commissaire du Festival, butent finalement sur une réalité du terrain très dure. Bien que le nerf de la guerre n’ait pas fait défaut, comme l’ont affirmé, d’ailleurs, les organisateurs, ce rendez-vous théâtral, dont on veut faire “un festival d’Avignon-bis”, se perd malheureusement, de plus en plus, à telle enseigne que l’édition de cette année a fini par décevoir plus d’un.

D’aucuns ont même affiché leur appréhension de voir une telle manifestation artistique, qui constitue un acquis, voire la fierté d’une ville plusieurs fois millénaire, disparaître carrément de l’agenda culturel de la wilaya de Béjaïa. Et pour cause, une multitude de défaillances flagrantes ont été constatées tout le long de cette édition. Des déprogrammations de spectacles, des annulations de dernière minute pour d’autres, des défections de certaines troupes étrangères, à l’image des comédiens français ayant décliné l’invitation sous prétexte de la “dégradation de la situation sécuritaire” depuis l’assassinat du touriste Hervé Gourdel.

Une autre faille organisationnelle, non moins agaçante, a été relevée par le public lors de la cérémonie de clôture de cette 6e édition, organisée dans la soirée de mercredi dernier, à la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. L’assistance, venue nombreuse pour la circonstance, était composée des représentants des autorités locales, à leur tête le wali de Béjaïa, ainsi que d’autres invités de marque, à l’image de Mme Sellal (épouse du Premier ministre). Le public a dû attendre près de deux heures avant l’entame du programme de la soirée. Les organisateurs chargés de la logistique ont laissé leurs invités poireauter pendant tout ce temps nécessaire à la mise en place du matériel de musique et l’ajustement du système de sonorisation.

En tout état de cause, les responsables de ce festival devraient se pencher sérieusement sur ces délicats problèmes rencontrés jusque-là, et ce, afin de déceler toutes les insuffisances constatées à la lumière des éditions précédentes. Ce qui leur permettra d’éviter les mêmes écueils en perspective de la 7e édition, dont la réussite s’annonce, d’ores et déjà, tel un défi à relever. Les membres du commissariat du Fitb ne sont pas sans savoir que l’organisation et la gestion d’une manifestation culturelle d’une telle envergure ne sont pas une mince affaire, comme l’ont souligné plusieurs observateurs locaux.

Pour mener à bien ce genre d’“aventure culturelle”, pour reprendre la formule chère à M. Fetmouche, il serait judicieux de faire appel à des professionnels en la matière, à l’image de ces boîtes de communication spécialisées dans l’organisation événementielle. “Ce ne sont pas les moyens qui manquent à ce festival. Le déficit réside dans son encadrement et sa gestion organisationnelle. Car, il ne suffit pas de mobiliser des sommes colossales d’argent, ni une armada de membres dans le comité d’organisation. La compétence et l’efficacité devraient primer sur d’autres paramètres et considérations subjectives. En outre, je pense qu’il faudrait faire un suivi sur le terrain et situer les responsabilités à chaque fois qu’il y a une faille quelque part”, nous a confié un professionnel du 4e art sous le couvert de l’anonymat.

Il faut dire aussi que les quelques absences remarquées du commissaire du festival, notamment les premiers jours, ont vraiment pesé de manière significative sur le bon déroulement des activités, M. Fetmouche étant appelé à participer aux festivités commémoratives du 1er Novembre organisées à Alger. Par ailleurs, il y a lieu de signaler l’existence d’un autre obstacle majeur qui ne peut, en aucun cas, être imputé aux organisateurs du festival. Il s’agit du manque criant d’infrastructures culturelles capables d’abriter un événement d’une telle envergure à Béjaïa. L’absence flagrante de salles susceptibles de contenir ces marées humaines qui affluaient presque quotidiennement au théâtre régional, tout le long de cette manifestation, constitue un véritable casse-tête pour les organisateurs.

Ce déficit en salles à Béjaïa est une réalité amère que M. Fetmouche a tenu, personnellement, à déplorer, tout en lançant un appel solennel, en sa qualité de commissaire du festival, aux autorités compétentes afin de doter cette ville, considérée comme carrefour du savoir et des civilisations, de nouveaux établissements culturels aux normes universelles.

KO