Vingt ans sont écoulés sur les affrontements qui ont fait une centaine de morts et des milliers de blessés dans les wilayas de Kabylie et l’immense douleur est toujours vivace.
Un certain 14 juin 2001, des centaines de milliers de femmes, d’hommes, jeunes et moins jeunes Kabyles, ont convergé vers la capitale. Une procession totalement pacifique et grave faite de voitures, de bus, de camions et de véhicules en tout genre s’est étirée sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.
Lors de cette date historique, la Kabylie s’est levée comme un seul homme pour défendre les acquis d’une démocratie naissante, exiger plus de liberté dénoncer l’injustice sociale, revendiquer des espaces de débat démocratique, et simplement remettre à la présidence de la République algérienne la plate-forme d’El-Kseur qui est une revendication nationale et non régionale. Dommage, à l’époque, les réseaux sociaux ne sont pas encore si développés comme aujourd’hui afin de démentir.
Outre la Kabylie, les manifestants sont venus même de Sétif, de Djelfa, de Bordj Bou-Arréridj, etc. La marée humaine, qui a pris possession des rues de la capitale, avait provoqué une peur panique au sommet de l’État.
Pour que nul n’oublie
À leur arrivée, les millions de manifestants kabyles ont été refoulés d’Alger avec des méthodes staliniennes. De la propagande, des arrestations arbitraires, traitement médiatique et menaces pour faire échouer la marche historique. Des prisonniers ont été libérés la veille par les sbires de Zerhouni pour attaquer des manifestants à coup de machettes et de sabres.
C’est ainsi que la marche qui se voulait pacifique, tourna en drame : des morts et des blessés, sans compter les dégâts matériels. La marche sera alors avortée.
Une équipe de télévision de l’État filme des manifestants arrêtés avec des armes blanches et d’autres objets tranchants. La journaliste de l’ENTV, sous la direction de Hamaroui Habib Chaouki, après avoir félicité «les prisonniers » qui ont sauvé la capitale des manifestants, elle affirma aux téléspectateurs que vers la fin de la journée, « les manifestants sont retournés d’où ils sont venus ».
Cette marche grandiose qui aurait dû s’inscrire dans les annales de l’histoire comme une leçon de pacifisme et de civisme du peuple à ses dirigeants n’aura malheureusement pas eu la chance d’aboutir.