Par El Yazid Dib
A première réaction, un refus catégorique. L’on ne peut pas passer d’une situation décriée longuement et pendant six semaines, car supportée vingt ans, à une autre autrement recomposée. Cette liste de noms neufs n’est pas reniée par certains de ses noms et prénoms mais par son attache au système. Le refus demeure ainsi dans ce producteur de nomination. Le régime. Le peuple a lancé sa sentence. Niet.
Si ce gouvernement est déclaré « provisoire » où on le veut juste « chargé d’affaires » pourquoi alors allouer gratuitement à ses composants le titre de ministre ? Un titre moins pompeux aurait suffi. « Chargé de tel ministère », pas plus. Car l’histoire des institutions va retenir qu’un tel a été un jour ministre de la république, alors qu’il n’aurait été qu’un simple gardien d’immeuble squatté de force pour un bail approximatif, sinon dérisoire.
Auront-ils de ce fait toutes les attributions sectorielles et légales comme leurs prédécesseurs ? Pourront-ils nommer et dégommer des gens ou se contenteront-ils des privilèges de résidences, de passeports diplomatiques, des festins et de nouvelles liaisons et le reste à Dieu de s’en occuper ?
On aurait bien voulu que ce gouvernement soit une grande administration générale dans un contexte ordinaire. Ce qui semble en être le cas de par certains profils. Conserver les uns et bannir les autres n’obéit ni à une logique de rajeunissement ou de renouvellement de compétences, ni à l’écoute d’une tenace réclamation populaire. C’est un franc mépris pour tous. En le produisant il porte déjà en son sein les causes de son dépérissement. Une date de péremption se porte aussi lisiblement quoique imprévisible sur son emballage.
Le ministère de l’Intérieur qui, grandeur et décadence, vient d’être attribué à quelqu’un de nouvellement embarqué dans les nobles missions de cette valeureuse collectivité locale, va se confiner en un secrétariat général rattaché toujours à l’ancien ministre. Le tutorat continue malgré tout à faire des émules. De grands noms ont fait ce département et voilà que par le passage de Bedoui, il s’est compartimentalisé selon le taux d’allégeance et le ratio de l’obédience faisant fi du punch et du gabarit.
La nouvelle ministre de la Culture qui était jusqu’au 12 mars dernier contre le 5ème mandat où sur sa page facebook jubilait d’ardeur, s’est vue par volte-face venir se faire recruter dans le cortège de Bedoui qu’il l’aurait contracté depuis sa présence comme wali a Constantine. Elle prend déjà le buzz des frasques avant de prendre la route vers Alger. Heureusement que la culture ne tue pas trop les combattants, la critique et l’innovation. Resistance.
La dérision est le grand caractère de ce gouvernement. L’hilarité aussi. Où est passé Lamamra et pourquoi a-t-on supprimé le poste de vice-Premier ministre qui n’a fonctionné que pour des missions à l’étranger ? Va-t-il prendre la tête du Sénat, en tiers présidentiel et du coup assurer la phase transitoire ? GaÏd Salah se voit reconduit par celui qu’il voulait voir partir suite à son jet de pavé du 102. Ubuesque situation. Drôle d’équipe pour quelque temps. On se joue de l’Algérie, de son peuple.