Les concernés semblent complètement désemparés devant la multitude de problèmes auxquels ils font face.
Comme il fallait s’y attendre, ils étaient hier des centaines de jeunes promoteurs, ayant bénéficié des dispositifs d’aide à l’emploi de jeunes, à avoir répondu favorablement à l’appel lancé, la veille, par leur collectif à un sit-in de protestation devant le siège de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) de la ville de Tizi Ouzou. Déjà avant huit heures du matin, les dizaines de promoteurs sont arrivés sur les lieux en brandissant leurs slogans habituels avant que leurs rangs ne soient renforcés progressivement. L’objectif de cette enième action de protestation consiste à dénoncer les pressions interminables que subissent les promoteurs en question depuis quelques mois. La goutte qui a fait déborder le vase est la saisie d’une voiture d’un promoteur-Ansej.
Ce promoteur, qui exerce l’activité de location de véhicules au centre-ville n’est pas le premier à voir l’un de ses véhicules, acheté dans le cadre du crédit Ansej, saisi. D’autres cas ont été enregistrés auparavant dans la même wilaya, ce qui a poussé les concernés à investir la rue. Ainsi, l’organisation du sit-in d’hier a été initié par le collectif des jeunes promoteurs ayant bénéficié des différents dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes, principalement l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes, Ansej et la Caisse nationale d’assurance-chômage (Cnac).
Les concernés semblent complètement désemparés devant la multitude des problèmes auxquels ils font face. Comme dernier recours, les jeunes promoteurs ne cessent de multiplier les actions de protestation, dont l’avant-dernière a eu lieu il y a un mois, également devant une banque dans la ville de Drâa Ben Khedda. Cette manifestation intervient à peine 10 jours après la conférence de presse, qui a été animée par le directeur régional de l’Ansej de Tizi Ouzou. Cette sortie sur le terrain des promoteurs aurait donc un lien avec ce point de presse au cours duquel le responsable en question a évoqué clairement que la justice est saisie quant au cas des promoteurs n’ayant pas respecté les clauses inhérentes aux remboursements des prêts bancaires.
Pourtant, le directeur local de l’Ansej avait fait un bilan plutôt reluisant concernant ce secteur. Il a livré des chiffres qui reflètent le fait que le dispositif a donné des fruits comme c’est le cas par exemple de la création de 50.000 postes de travail depuis la mise en oeuvre de l’Ansej en 1997 ainsi que près de 20.000 petites entreprises durant la même période. Mais c’est sans doute les 37% de promoteurs n’ayant pas procédé au remboursement de leurs crédits qui posent véritablement problème. «Est-ce que c’est notre faute si, une fois notre entreprise montée, on n’arrive pas à obtenir des marchés, malgré mille et une tentatives», s’interroge un jeune promoteur ayant contracté un crédit bancaire dans le cadre du dispositif de l’Ansej et auquel la chance n’a pas souri. Ils sont des milliers dans le même cas qui ne ferment pas l’oeil de la nuit car l’avenir leur paraît encore plus sombre que lorsqu’ils étaient de simples chômeurs.
Pour l’instant, ils sont 173 promoteurs de l’Ansej, dans la wilaya de Tizi Ouzou, à avoir été poursuivis en justice pour défaut de remboursement de leurs crédits bancaires. Ce chiffre va encore aller crescendo au fur et à mesure du traitement des dossiers. Et c’est pour parer au pire que les promoteurs de l’Ansej ont essayé de s’organiser sous forme d’association et de se solidariser ainsi avec leurs confrères, à chaque fois que l’un d’eux est menacé d’être poursuivi en justice. Après maintes actions de protestation, les concernés ont pris plusieurs décisions.
Dans un communiqué rendu public par ces promoteurs en proie au désarroi, il est précisé que ces derniers ont décidé de geler les remboursements de crédits bancaires, des PNR (prêts non rémunérés) obtenus par le biais de l’Ansej, de la Cnac ou de l’Angem, ainsi que le paiement des impôts et des cotisations sociales à la Casnos. Comme on peut le constater, il s’agit d’une décision franchement radicale qui n’est pas pour favoriser le dialogue avec les responsables concernés. C’est peut-être ce qui a engendré ce bras de fer interminable. Pourquoi ce ton extrême? Les concernés l’expliquent par le fait que les responsables directement concernés par la prise en charge de leurs doléances observent un long et inexplicable silence.
Les promoteurs précisent, en outre, qu’ils ont formulé, il y a quelques mois, plusieurs propositions en mesure d’arriver à des solutions qui arrangeraient toutes les parties mais le mutisme des responsables n’a pas été rompu pour autant. Dans la même déclaration, les promoteurs en difficulté ont déploré la dégradation de la situation socio-économique des promoteurs, due «à un système fiscal et à un régime de sécurité sociale des plus répressifs».
En plus des sit-in de protestation, les promoteurs Ansej-Cnac-Angem et autres ont organisé plusieurs autres actions sur le terrain, tout au long de cette année, pour attirer l’attention des responsables comme la fameuse marche, ayant eu lieu il y a quelque temps, de Oued Aïssi à Tadmaït en passant par le centre-ville de Tizi Ouzou. Enfin, il est à noter que, suite au sit-in tenu hier dans la ville de Tizi Ouzou, les promoteurs Ansej ont pris la décision d’organiser une marche le 18 septembre prochain dans la ville de Tizi Ouzou.