Ils arrondissent illégalement leurs tarifs à 5 et 10 DA: Les commerçants rejettent la petite monnaie.

Ils arrondissent illégalement leurs tarifs à 5 et 10 DA: Les commerçants rejettent la petite monnaie.

Les pièces de monnaie de 1 et 2 DA ne sont plus valables, ou presque. La tendance chez les commerçants est à l’arrondissement des tarifs à 5 ou 10 DA. Ce qui est, certes, illégal et renseigne sur un mépris flagrant du client.

La quasi-totalité des produits sont facturés de façon à éviter les tracasseries de la petite monnaie avec pour alibi le manque de ces pièces. Mais en réalité, cela en dit long sur la voracité des commerçants et autres opérateurs économiques qui s’arrangent à empocher ces petites sommes au détriment des clients. Hormis les bonbons et quelques pacotilles, ces dinars, qui viennent remplacer les centimes d’antan, se voient perdre de la valeur et leur utilité.

A l’origine, une anarchie inacceptable dans les prix et un laisser-aller que la politique de l’offre et de la demande ne pourrait justifier à elle seule. En fait, depuis plusieurs semaines, les épiciers, à titre d’exemple, ont tout bonnement éliminé ces petites pièces de leurs produits. Avant, le consommateur pouvait acheter des yaourts pour 12 ou 18 DA, actuellement tout est à 15 ou 20 DA. Une augmentation injustifiée et rien ne peut expliquer la volonté de se débarrasser du casse-tête des 1et 2 DA.

Il est évident que les commerçants arrondissent en leur faveur, passant de 12 à 15 DA et non pas à 10. Une augmentation qui, tout compte fait, ne répond à aucune logique économique. Pis encore, les transporteurs privés ont opéré un véritable forcing face auquel les autorités publiques sont, étrangement, restées passives. Au début de l’année, une augmentation de 10% sur les prix a été annoncée, justifiée par la hausse des prix du carburant.

Qu’à cela ne tienne ! Mais là où le bât blesse, c’est lorsque les transporteurs s’ingénient à imposer des tarifs qui ne reflètent guère la proportion d’augmentation préalablement annoncée. En plus clair, sur une desserte dont les tarifs étaient de 15 ou 20 DA, l’augmentation ne devait pas dépasser les 2 DA. Arithmétiquement cela est indiscutable. Mais dans les faits, les prix sont passés à 20 ou 25 DA. Une hausse systématique de 5 DA a été appliquée par la totalité des transporteurs. A leurs yeux, 1 ou 2 DA ce n’est rien. Aux usagers qui se plaignent d’une escroquerie avérée, ils rétorquent que l’on ne peut disposer de la petite monnaie. Bizarrement, les services de contrôle ont fermé les yeux.

Mais la question reste posée : pourquoi maintenir ces petites pièces de monnaie si les commerçants refusent de les prendre en considération dans leurs transactions quotidiennes ? Bien que l’inflation et la hausse des prix qui va crescendo ces dernières années aient fini par avoir raison de ces pièces, il n’empêche que la légalité impose leur existence et leur utilité.

Sinon, pourquoi ne pas procéder tout simplement à leur retrait ? Si les petits commerçants et autres transporteurs profitent à merveille de cette situation pour cumuler des gains illicites, avec le consentement de tous, les administrations publiques telles que les banques et les grands opérateurs économiques sont censés donner l’exemple de rigueur. Hélas, le constat est quasiment le même. Payer ses factures ou encaisser des chèques se fait sans que les quelques «centimes» ne soient pris en considération.

Dans le langage populaire, on qualifie les dernières unités qui remplacent les derniers zéro de «poussière». Le caissier ose ignorer les deux ou trois dinars de plus et le client n’y voit souvent pas d’inconvénient ou se laisse faire par correction. Par ailleurs, pour ce qui est des solutions, celles mettant fin à cette situation, le président de l’Union nationale des commerçants et artisans algériens, M, Boulenouar, est convaincu que l’accélération du paiement par carte, une fois mis en place par les autorités, sera la solution adéquate pour le règlement de ce problème.

«Lorsque les citoyens procéderont au paiement électronique pour tous leurs achats, ce genre de situation problématique ne se poserait plus car c’est le système informatisé qui le débiterait au centime près et le compte sera bon avec exactitude. Encore qu’on souhaite son entrée en vigueur pour bientôt», a-t-il souligné.