Ils célèbrent les victoires des fennecs, mais n’oublient pas pas le “HIRAK” : Les Algériens joyeux, mais lucides

Ils célèbrent les victoires des fennecs, mais n’oublient pas pas le “HIRAK” : Les Algériens joyeux, mais lucides

Face au pouvoir qui veut récupérer ce fabuleux parcours de l’équipe nationale de football, les Algériens restent lucides. Sur des pages des réseaux sociaux ou dans les rassemblements qui ont suivi l’éclatante victoire des Verts face au Nigeria, la joie n’a pas fait oublier l’essentiel : la révolution pour le changement. Cela s’exprime par des messages clairs, un discours direct et précis, à l’instar de ce post où l’on peut lire : “On va fêter la victoire de l’équipe nationale et on fêtera la nôtre.” D’autres préfèrent le sarcasme. Ainsi, les numéros (7) de Riyad Mahrez et (8) de Youcef Belaïli, immortalisés côte à côte juste avant le tir légendaire de l’attaquant de Manchester City, ont été détournés pour les lier aux articles 7 et 8 de la Constitution qui évoquent “la souveraineté populaire”.

Dans les lieux publics où sont visionnés les matches sur des écrans géants, les slogans antisystème sont entonnés, comme au niveau du  stade du 5-Juillet ou au stade Ouaguenouni à Alger où des milliers d’Algérois ont suivi la rencontre de la demi-finale contre le Nigeria.
En terre d’Égypte, des supporters ont enregistré une vidéo sur les célèbres Pyramides de Gizeh portant des drapeaux algériens et chantant “Yetnehhaw gaâ” (ils partiront tous). Un pied de nez aux responsables qui veulent à tout prix récupérer cette belle communion entre les Algériens et leur EN.
Dans le bus qui les transportait du Stade international du Caire, après leur victoire, les camarades de Riyad Mahrez ont entonné Liberté, morceau chanté par le chanteur algérien Soolking à la gloire des manifestants qui réclament le départ du régime politique. “Nous promettons de dédier la coupe au peuple”, promet le coach Djamel Belmadi. “Le peuple veut la coupe d’Afrique, on se battra pour lui”, a résumé Sofiane Feghouli, après le match contre le Nigeria.
Plus qu’une victoire footballistique, les exploits de l’équipe nationale ne peuvent être dissociés de l’actualité politique. “À l’heure actuelle, et dans un contexte politique particulier, les victoires de la sélection apparaissent comme des bouffées d’oxygène pour une population qui peine à se doter d’un nouveau gouvernement et qui manifeste tous les vendredis dans la rue pour réclamer plus de transparence politique et de droits démocratiques”, note une analyse publiée par le journal français Libération. Comme de juste.

Ali Boukhlef