Le taux de réussite au bac, d’un peu plus de 54% annoncé par le ministère de l’Education nationale, n’a pas convaincu les syndicats autonomes qui estiment que le taux réel serait beaucoup moins important que cela. Le Satef rappelle que, par exemple, le taux de réussite au bac n’a jamais dépassé les 40% avant les années 2000.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – A partir de cette année, dit le syndicat, le taux de réussite a soudainement dépassé 60% pour certaines sessions. Les syndicats autonomes et les associations des parents d’élèves qui estiment que l’examen du bac, au fil des années, a perdu de sa valeur, appelle à une refonte radicale du système éducatif.
Le taux de réussite au bac serait, donc, gonflé pour des raisons politiques ? Boualem Amoura, SG du Satef est affirmatif : «Le taux de réussite au bac a toujours répondu à des considérations politiques.» M. Amoura rappelle qu’avant les années 2000, le taux de réussite variait entre 20% à 32% et voire jusqu’à 40% au maximum pour certaines sessions. Cependant, à partir de cette année, explique -t-il, «nous avons un bac politique et pour dire que l’école algérienne va bien, il faut que le taux de réussite au bac soit important». Le taux de réussite au bac serait, donc, un critère de la bonne note, de notre système éducatif.
Pour augmenter le taux de réussite au bac, M. Amoura a indiqué que la tutelle a décidé de certains changements «en faveur des élèves». Il s’agit notamment de l’introduction de l’option de deux sujets au choix qu’il juge «inacceptable». Le syndicaliste explique que cette approche introduite depuis 2008 a été copiée du modèle canadien. «Nous avons importé la méthode sans importer, en même temps, des outils nécessaires pour sa réussite», dit-il.
Le syndicaliste qualifie cette option des deux sujets à l’examen du bac de «mascarade». «Ils continuent avec cette méthode pour ne pas avoir un taux de réussite de moins de 50% alors qu’en réalité, le vrai pourcentage n’a jamais dépassé les 25%», dit-il. Pis, le syndicaliste affirme, et selon des révélations des cadres du ministère, que pour certaines années, le taux de réussite n’a pas dépassé les 9%. «On parle du taux réel de réussite et pas du taux annoncé par la tutelle qui fait en sorte de toujours gonfler le taux de réussite», a souligné le syndicaliste. Et d’ajouter «comment expliquer que sur 100 élèves qui rentrent en première année primaire, seulement quatre arrivent en terminale sans refaire l’année ?» 30% des élèves, dit-il, redoublent la première année secondaire. Ceci, ajoute-t-il, « malgré que le ministère de l’Education ait introduit le système de rattrapage au profit des élèves qui ont une moyenne de 9/20 pour toutes les années !».
Pour le Satef, le constat sur les raisons de cet échec a été fait et les solutions ont été données par les syndicats. Cependant, dénonce-t-il, «les pouvoirs publics ne veulent pas d’une école de qualité».
Le syndicat appelle à une refonte totale du système éducatif à travers la révision des programmes, des contenus et du rythme scolaire. «Le Satef a toujours demandé de revenir à l’ancien système des six ans au cycle primaire, car ils ont condensé à cinq ans un volume de programme qui a été dispensé durant six ans et l’objectif de réduire le cycle primaire à cinq ans pour généraliser le préscolaire n’a jamais été atteint», a expliqué M. Amoura. Il explique aussi qu’un élève de la branche scientifique au lycée n’a pas le profil d’un scientifique. La raison est toute simple. Les coefficients et des matières scientifiques au moyen sont très faibles et le volume horaire de ces matières ne dépasse pas les deux heures par semaine.
Le syndicaliste estime qu’il faudra mettre en place une spécialisation dès le collège. Une étude comparative réalisée en 2011, dit-il, a démontré que le volume horaire de la matière science, pour les élèves scientifiques en Algérie est de 6, 49%. Tandis qu’en Tunisie, ce volume est de 43%.
De son côté, Meziane Meriane, coordinateur du Snapest a expliqué que le taux de 54% est insuffisant. D’autant que, souligne-t-il, les moyennes prédominantes varient entre 10 et 12. Le syndicaliste propose aussi une refonte globale du système éducatif, notamment, dans le cycle moyen et secondaire. «Nous avons un bac beaucoup plus de quantité que de qualité par rapport à nos voisins», dit-il. Il propose de mettre en place une barrière avant le bac. il faudra aussi, dit-il, une bonne orientation des élèves. «L’orientation est très aléatoire, vu qu’il y a beaucoup de matières, s’ils ont attribué des coefficients élevés aux matières essentielles, on aurait eu une bonne sélection, mais lorsqu’un élève arrive à décrocher une bonne moyenne avec les matières secondaires, l’orientation est un fossé, dès le cycle moyen», a expliqué M. Meriane.
De son côté, M. Khaled Ahmed, président de l’association des parents d’élèves a appelé également à des réformes pour réussir à enregistrer un taux de réussite au bac important et élever le niveau des élèves. Que faudra-t-il mettre en place ? Le représentant des parents d’élèves plaide pour la mise en place de la fiche de synthèse dès la première année secondaire. Ainsi, les candidats au bac vont composer uniquement avec les matières essentielles.
S. A.