“Il est temps de réhabiliter ce texte fondateur de la nation, dont le destin démocratique a été contrarié avec le soutien de puissances étrangères”, soutient un manifestant.
Rien ne semble altérer la mobilisation de la diaspora algérienne au Canada. Dimanche, à l’occasion de la 26e manifestation dominicale, les Algériens du Canada étaient nombreux au rassemblement organisé devant le siège du consulat général d’Algérie à Montréal. Les organisateurs ont déplacé la manifestation de la place Canada à cause de la marche de Fierté Montréal prévue le même jour.
Bien avant 11h, des centaines de manifestants ont pris d’assaut le parc sis en face de la représentation consulaire algérienne, au centre-ville de Montréal. La sonorisation installée sur place appelait à la mobilisation à coups de chants patriotiques et autres chansons engagées, alors que les manifestants brandissaient des pancartes aux slogans sans équivoque quant à la clarté des revendications populaires.
Parmi les manifestants, beaucoup de femmes et de jeunes, dont certains sont nés au Canada. Les slogans de la révolution populaire sont repris à tue-tête par les manifestants qui se disent déterminés à poursuivre le combat pacifique jusqu’au départ du système. “Système dégage !”, clame-t-on. Le chef de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, en a pris pour son grade, puisqu’il est brocardé par la foule en colère.
“L’armée dans les casernes”, intime une pancarte brandie par un manifestant, un mot d’ordre qui tombe à pic à l’occasion de l’anniversaire du Congrès de la Soummam dont la plateforme avait, il y a 63 ans, proclamé la primauté du politique sur le militaire. “Il est temps de réhabiliter ce texte fondateur de la nation, dont le destin démocratique a été contrarié avec le soutien de puissances étrangères”, soutient un manifestant qui dit n’avoir jamais manqué les manifestations du dimanche.
Un des organisateurs affirme que nombre de ses pairs sont rentrés en Algérie pour des vacances, mais aussi pour participer de plus près à la révolution citoyenne à travers les marches du vendredi. Pour sa part, le Forum citoyen de Montréal a tenu sa 14e assemblée générale dimanche. Les débats ont tourné autour des perspectives du hirak. Les ateliers installés sont déjà à pied d’œuvre, chacun dans son champ d’expertise.
Un des comités s’est chargé de la question des détenus politiques et des droits de l’Homme. Le dialogue, que s’emploie à parrainer le panel présidé par Karim Younès, est rejeté par les membres du Forum dans la forme qui est la sienne. C’est-à-dire celle qui épouse la feuille de route du pouvoir en place. En attendant, cap sur la poursuite de la révolution citoyenne du 22 février.
Yahia Arkat
