Ils ont rendu hommage hier au défunt Mohamed Sellami: Les Patriotes rejettent la “hogra” et réclament leurs “droits”

Ils ont rendu hommage hier au défunt Mohamed Sellami: Les Patriotes rejettent la “hogra” et réclament leurs “droits”

Plus d’une centaine de Patriotes se sont recueillis, hier matin, sur la tombe de Mohamed Sellami, figure emblématique de la résistance antiterroriste, à haouch “El-Grau”, à Boufarik, dans la wilaya de Blida. Ils étaient entourés de nombreux militants du Mouvement démocratique et social (MDS) et de cadres associatifs, dont le coordinateur national du MDS, Hamid Ferhi, et une militante de l’association féminine Amel, Aouicha Bekhti.

C’est vers 9h du matin que les Patriotes et d’autres citoyens se sont rassemblés à la placette de haouch El-Grau (en référence au domaine “Grau”), pour la levée des couleurs.

Triste, malade, mais digne dans sa douleur, la veuve de Mohamed Sellami, Rabea, elle-même Patriote, est restée en retrait.

Après une minute de silence en hommage à tous les Algériens assassinés par les groupes islamo-terroristes, le cortège s’est dirigé vers le cimetière situé à quelque 600 mètres de là avec, à sa tête, des jeunes portant une gerbe de fleurs dédiée au chef des Patriotes. Mohamed Sellami, syndicaliste et élu municipal, est celui-là même qui avait organisé la résistance populaire dans cette région de la Mitidja afin de faire face aux semeurs de la mort et pour que “la peur change de camp”. Sur le chemin, il a beaucoup été question, dans les discussions, des actes de bravoure et actions de Mohamed Sellami, mort le 18 décembre 1995, à l’âge de 42 ans, dans un accrochage avec des islamistes armés, mais également de Younès Sellami, égorgé par les fanatiques religieux en 1994, ainsi que des autres Patriotes qui ont quitté ce monde.

D’aucuns n’ont eu de cesse de répéter qu’“on ne doit pas oublier ceux qui sont tombés au champ d’honneur” et déploré que “personne ne veut nous écouter”, tout en estimant que “le combat citoyen” ou “la résistance populaire” est un patrimoine à préserver et à transmettre aux jeunes générations. D’autres, en revanche, n’ont pas caché leur désarroi ou leur colère devant “l’ingratitude”, mais aussi devant l’évolution inquiétante de leur région, voire du pays tout entier, pointant un doigt accusateur en direction de “l’oligarchie”, ces “gros poissons qui mangent les petits poissons sans se préoccuper ni des Algériens ni de l’avenir du pays”.

“La réconciliation nationale a été faite sur le dos des Patriotes et des victimes du terrorisme”, a soutenu M. Kayouche, représentant des Patriotes d’Alger, rappelant que c’est le FIS et l’AIS, son bras armé, “qui ont provoqué la population, tué les Algériens, en s’en prenant même aux femmes et aux enfants”. “Nous, nous n’avons fait que nous défendre, nous avons défendu la République et le drapeau algérien, nous avons défendu nos quartiers et nos villages”, a-t-il poursuivi. Notre interlocuteur, se remémorant des propos tenus par Madani Mezrag, a signalé que “dès le départ”, c’est-à-dire à la fin des années 1990, le pouvoir “s’est entendu avec les islamistes de l’AIS”, leur promettant “la réconciliation”. Quant au référendum sur la réconciliation nationale, il l’a qualifié de “farce”, en notant que “la totalité des victimes du terrorisme ne croit pas à cette farce”.

Plus loin, M. Kayouche a parlé des Patriotes ayant abandonné leur emploi pour rejoindre la résistance contre l’islamisme politique, qui se retrouvent au chômage et de ceux qui sont morts, en laissant leurs familles dans “la précarité la plus totale”. De son côté, Rabea Sellami a clairement fait savoir que “les armes devaient certes se taire, mais pas sur notre dos”, en nous expliquant que “c’est la hogra, c’est l’impunité qui fait le plus mal aux Patriotes”.

Vers 11h, le retour à la placette de haouch El-Grau s’est achevé par un regroupement de Patriotes, un autre rassemblement qui a suscité cette fois un débat autour de leur plateforme de revendications.

Comme le soulignera l’un d’eux, sur les 14 points réclamés lors de la négociation avec le gouvernement, “la moitié d’une revendication a été satisfaite”. Outre l’élaboration d’un “statut particulier” assurant la reconnaissance par l’État des sacrifices consentis, les Patriotes ont demandé le recouvrement de “leurs droits”, notamment “matériels et moraux dans un cadre réglementaire” et l’examen “au cas par cas” de la situation des éléments radiés.