La répression de la mobilisation pacifique de la communauté estudiantine, mardi dernier, dans la capitale, a suscité l’indignation de la famille universitaire. Hier, un grand rassemblement a été tenu à l’université d’Alger Benyoucef Benkhedda. En effet, les étudiants de la Fac centrale d’Alger se sont réunis à l’intérieur du campus pour dénoncer «la répression » qui s’est abattue sur «la 13 marche pacifique des étudiants», qui a drainé des milliers d’étudiants et enseignants issus de plusieurs établissements universitaires de la Capitale et de ses environs, tel ceux de Blida et Boumerdès.
Pour rappel, le cortège estudiantin a démarré, mardi dernier, près de la Fac centrale avant que les forces de l’ordre, déployées en grand nombre, ne tentent «en vain» de les empêcher d’atteindre le Palais du Gouvernement. Déterminé à aller jusqu’au bout de leur action pacifique, les manifestants ont réussi à tenir un sit-in à quelques métres du bâtiment du siège du gouvernement. Hier, à l’intérieur de la Fac centrale, les étudiants protestataires scandaient des slogans à l’adresse des policiers postés dans les parages. «Libérez l’Algérie !», «H’na tolab, machi irhab» (Nous sommes des étudiants, pas des terroristes)», ont-ils scandé à gorge déployée.
Contactée hier par téléphone, une étudiante très active, de la Fac centrale, nous a affirmé que «les étudiants dénoncent l’acharnement des forces de l’ordre sur la manifestation pacifique de la communauté estudiantine à Alger».
Et à elle d’ajouter qu’«il est inadmissible qu’un mouvement de contestation pacifique soit réprimé avec une telle violence». Pour notre interlocutrice, les forces de police ont, en plus des «arrestations musclées», fait usage, mardi dernier, de leurs matraques et de jet de gaz lacrymogène au moyen d’une pompe pour empêcher les étudiants de se rassembler devant le Palais du Gouvernement.
Il y a lieu de noter, dans ce sillage, que la répression du mouvement estudiantin pacifique a suscité également les réactions de la classe politique, syndicats et personnalités de la société civile. L’indignation de l’opinion publique nationale était grande. Ainsi, les violences policières, contre des manifestants pacifiques, ont été condamnées par de nombreuses personnalités politiques et syndicalistes.
Invités à réagir, mardi, par le Courrier d’Algérie
Sofiane Djilali (Jil Jadid) nous a déclaré qu’« il y a une montée en puissance de la répression.» Fethi Ghares du MDS, lui, estime que ce qui s’est passé mardi «est une preuve que le système continue à tourner le dos aux aspirations du peuple et qu’il est en train de miser sur l’usure, la fatigue et la peur.» Il a également soutenu que «les Algériens ont réussi à renverser les rapports de force par leur maturité et leur détermination et pacifisme». Boualem Amoura, SG du SATEF, considère, pour sa part, « que nous assistons à un retour de la violence policière contre les manifestants», nous dira-t-il, avant d’estimer que «le pouvoir n’a pas réprimé, au départ, pour montrer un visage démocratique. »
Par ailleurs il y a lieu de noter que sur les réseaux sociaux, des campagnes de dénonciation et de solidarité avec les étudiants interpelés, et ceux blessés après les échauffourées entre les forces de l’ordre et les manifestants, étaient instantanément lancées mardi en début d’après midi.
Mohamed Amrouni