Ils passent en nombre leurs vacances au bled: Chers émigrés!

Ils passent en nombre leurs vacances au bled: Chers émigrés!

«Nous venons certes avec des poches de moins en moins pleines. Mais nous le faisons toujours avec le même état d’esprit.»

Nous aurions certainement le nombre officiel des émigrés algériens qui seraient rentrés cet été au pays vers la fin de la saison estivale, toutefois ce dont on est certain pour le moment c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux à avoir fait le déplacement.



En effet, on les voit et on les croise partout: dans les embouteillages, sur les plages, lors des fêtes et bien entendu dans les cafés et les restaurants. Certes, ils sont moins bavards et moins fêtards que les années précédentes-résultat de la crise et cherté de la vie en Europe-, mais leurs modes de vie et de dépenses sont toujours les mêmes. Ils aiment toujours par exemple être au-devant des cortèges de mariages avec leurs véhicules immatriculés à l’étranger et prendre des photos, à veiller jusqu’à des heures tardives de la nuit, à faire du shopping et visiter plein de villes et plages d’Algérie. Dans les villages, on les voit même prendre des initiatives de volontariat ou participer à des campagnes de nettoyage et de l’entretien des fontaines.

Tous ces gestes-là et ces habitudes, ils les effectuent de manière spontanée et naturelle. «C’est ce qu’on apprend en vivant avec les Européens particulièrement avec les Français», nous dira Cherif, la quarantaine père de deux enfants, rencontré récemment lors d’une campagne de nettoyage organisée dans le village Aguercif, à Haïzer (wilaya de Bouira). Pour notre interlocuteur, qui vit depuis une vingtaine d’années dans l’Hexagone, visiter l’Algérie pendant l’été est vital pour lui et pour les membres de sa famille. «Nous venons certes ces dernières années avec des poches de moins en moins pleines. Mais nous venons toujours avec le même état d’esprit.» Par le même état d’esprit Chérif entend, l’amour du pays natal et le besoin de se ressourcer. «Prendre part à une fête de mariage ou de circoncision au village, est le bonheur que je ne peux pas me permettre ailleurs contre tout l’argent du monde»,dira -t-il avec fierté.

Chérif qui reconnaît que les temps ont tant changé en Algérie par rapport à ce qu’ils étaient il y a une quinzaine d’années, notamment par rapport au coût de la vie, notera tout de même que les gens au village sont toujours humbles et accueillants. Dans ce sens, il faut dire que les familles algériennes, en dépit des temps qui ont changé et la mondialisation qui est là, gardent toujours la même estime pour les émigrés vivant à l’étranger. Dans certaines régions et villages, les fêtes de mariage ou de circoncision et les grands évènements ne sont organisés qu’en leur présence. «Nous tenons à organiser nos fêtes en présence de nos émigrés exprès. Nous voulons toujours les accrocher à nos traditions et maintenir le cordon ombilical les reliant au village», nous indiquera Da Salem, président du comité du village Aguercif. De toutes les façons, jusque-là, les émigrés le leur rendent bien malgré la cherté de la vie dans les pays où ils vivent, ils tiennent toujours à cotiser à la caisse du village laquelle est utilisée dans le financement de nombreux projets d’utilité publique.

Sur un autre plan, il faut dire que le retour des émigrés jusqu’à un temps très récent était très bénéfique pour l’économie nationale, et ce, dans la mesure où il permettait l’entrée de la devise.

En fait, les émigrés, souvenons-nous, faisaient la chaîne devant les guichets des banques publiques pour faire le change. Aujourd’hui, en raison de la prolifération des cambistes, c’est plutôt au marché informel que la devise qu’ils ramènent profite. Ceci étant, la lutte contre ce phénomène est toujours d’actualité et que l’ouverture des bureaux de change de l’Etat promis par le ministre des Finances est plus qu’urgente. Néanmoins, et en dépit de cela, l’économie nationale est toujours bénéficiaire. Les émigrés restent de grands dépensiers. On les voit dans les marchés des fruits et légumes, dans les magasins d’habillement, dans les hôtels, dans les galas et autres spectacles payants où ils sont toujours les premiers à se présenter devant les guichets pour acheter leurs billets d’entrée.

Cependant, malgré tout cela, il est triste de constater que les autorités algériennes n’ont pas fait grand chose pour rentabiliser davantage cette opportunité.

En fait, l’Etat a été interpellé à maintes reprises par notre communauté établie à l’étranger quant à la réduction des tarifs des billets d’Air Algérie, mais jusqu’à présent force est de constater que cette doléance n’a pas été satisfaite.

A bon entendeur…!