Alors que l’on croyait leur dossier définitivement réglé, les chômeurs renaissent de leurs cendres et promettent de réoccuper la rue. Le point de départ de ce mouvement «acte II» sera donné aujourd’hui à partir de Ouargla.
Une marche de protestation sera organisée ce matin au chef-lieu de la capitale du Sud, à l’appel du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc). «Notre action est un signal fort pour un retour en force à la protestation contre la situation lamentable que vit le monde du travail en général et l’Agence nationale de l’emploi (Anem) en particulier», explique Tahar Belabbas, figure de proue du mouvement des chômeurs. La marche s’ébranlera d’un point que les organisateurs gardent au secret jusqu’à la dernière minute, pour se diriger au siège de la wilaya.
Réuni jeudi à Ouargla, le Cnddc a abordé, outre l’aspect organique, «la venue d’une commission interministérielle dans le Sud pour s’enquérir des préoccupations des chômeurs et rencontrer les représentants de la société civile (les notables)». Les chômeurs du Cnddc affichent un niet catégorique à ce qu’ils qualifient d’«exploitation de (leurs) souffrances».
«Le gouvernement veut couvrir ses échecs, leurrer les ONG internationales et répondre aux rapports mondiaux, notamment du Département d’Etat américain, très critiques à l’égard de l’Algérie», dénonce l’ancien coordinateur national du Cnddc. Pour lui, «il n’est pas question que la cause des chômeurs soit exploitée, surtout en cette période de précampagne électorale». Les revendications du mouvement sont, ajoute-t-il, «claires et tournent autour de préoccupations sociales».
Ce retour à la charge qui coïncide avec la rentrée politique et sociale est venu après que la situation au sein de l’Anem et ses antennes locales, celles du Sud particulièrement, se soit dégradée, «donnant lieu à des passe-droits en cascade, une corruption généralisée et un chantage flagrant avec les postes de travail entre sociétés, responsables et élus locaux», à en croire les témoignages des chômeurs qui disent «détenir des preuves» sur ces violations.
L’approche des élections législatives ne risque-t-elle pas de nuire à la crédibilité du mouvement des chômeurs ? Tahar Belabbas tranche, en estimant que «l’histoire retiendra que même durant la présidentielle d’avril 2014, le Cnddc s’est retiré de la scène pour préserver son autonomie et sa crédibilité». Notre interlocuteur ne cache pas avoir bénéficié, au même titre que d’autres leaders du mouvement, de projets via l’Anem. «D’abord, il s’agit d’un droit comme tout autre jeune, et puis, ce n’est pas pour autant qu’on va baisser les bras», dit-il. Avant d’enchaîner : «Des centaines de jeunes sont injustement exclus de postes de travail et de projets dans la région».
Alors que l’on croyait donc leur cause oubliée, les chômeurs renaissent de leurs cendres et signent ce qui semble être «l’acte II» du mouvement. En 2013, ce même mouvement avait ébranlé le pouvoir central d’Alger et contraint le gouvernement à décider d’un plan Marshall pour les wilayas du sud algérien. Par la force de la mobilisation et surtout de la résistance, les chômeurs avaient défrayé la chronique des mois durant et étaient parvenus à devenir la priorité n° 1 des autorités. Vont-ils encore faire braquer les projecteurs sur eux ? Des éléments de réponse viendront aujourd’hui d’Ouargla.