Air Algérie est en danger. Les pilotes du pavillon national s’en rendent compte et ils l’ont dit hier. Ils veulent être associés au redressement d’Air Algérie. C’est l’essentiel du propos de Karim Seghouane, président du Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA), à l’occasion de la réunion ordinaire du syndicat à Alger.
«Nous voulons garder notre outil de production, éviter aux pilotes d’Air Algérie d’être débauchés, améliorer le service de la compagnie», a résumé le président du Syndicat des pilotes. Selon cet aviateur, pour atteindre cet objectif, « il faut un dialogue sincère avec les responsables de la compagnie.
Nous voulons être associés dans la prise de décisions. Nous avons des propositions pour améliorer le rendement de notre entreprise », a insisté ce pilote, qui accumule 30 ans d’expérience.
«Nous devons aller vers le syndicalisme moderne et sortir du carcan du syndicalisme revendicatif», a-t-il préconisé, pour devenir «un partenaire pour une meilleur gestion de la compagnie ». Le président du SPLA veut engager la responsabilité des pilotes dans le phénomène des retards qui ont terni l’image d’Air Algérie, qui a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires estimé à 80 milliards de dinars, mais qui a dépensé presque autant. C’est-à-dire, qu’elle a réalisé un bilan presque nul, selon le syndicaliste. «Nous allons mettre en place la charte des pilotes pour améliorer la ponctualité», a-t-il proposé, afin de mettre un terme à cette défaillance dont se plaignent, depuis des lustres, les clients de cette compagnie qui emploie près de 10 000 personnes. Interrogé sur les revendications salariales des pilotes de ligne, le premier responsable du Syndicat des pilotes a évité de répondre à cette question.
« Nous sommes parmi les pilotes les moins payés au monde», a-t-il rétorqué. En précisant : «Nous voulons être payés selon notre travail. Si on travaille 200 heures par an, nous devons être payés en conséquence.»
Par ailleurs, le syndicaliste tire la sonnette d’alarme sur le départ en masse des pilotes vers d’autres compagnies.
«En moins d’un an et demi, nous avons enregistré 38 départs vers des concurrents, notamment les compagnies de certains pays arabes.
Il faut beaucoup de temps et d’argent pour former un pilote de ligne », a-t-il dit révélant qu’Air Algérie prévoit de former 200 pilotes dont une promotion de jeunes pilotes a déjà rejoint les rangs de la compagnie. Abordant la question du prix du billet d’avion jugé très élevé, il a nié l’idée qu’Air Algérie pratique des tarifs excessifs. « Air Algérie est parmi les 8 compagnies les moins chères au monde », a affirmé Karim Seghouane, en se référant à une récente étude réalisée par une agence anglaise.
Pour sa part, Ahmed Boutoumi, président du Syndicat national des techniciens en maintenance avion, est en colère contre les responsables d’Air Algérie. Pour lui, Air Algérie dispose d’une plateforme dédiée à la réparation et la maintenance des avions. Air Algérie a investi 25 millions de dollars pour s’équiper en matériel de dernière génération. « Nous sommes les seuls en Afrique à avoir ce type de matériel.
Mais, nos responsables n’ont rien fait pour rentabiliser cet investissement. Outre les compagnies africaines, même les compagnies européennes peuvent être nos clients», a estimé Ahmed Boutoumi, soulignant qu’«Air Algérie dispose d’un outil qui peut ramener à la compagnie des millions de dollars».
Questionné sur les employés recrutés en présentant des faux diplômes, l’enquête se poursuit, a-t-il affirmé. «Nous avons identifié quelque 50 faux diplômés », a-t-il ajouté, préférant s’exprimer à la fin de l’enquête.