La ministre de l’Education nationale s’attaque au problème de l’orientation scolaire. Benghabrit a décidé de mettre en place un groupe de travail pour étudier l’organisation des centres d’orientation et de guidance et professionnelle. Objectif : comment mieux orienter les élèves selon leurs compétences. L’enjeu est de taille, puisque 600 000 élèves, entre abandon et exclusion, quittent annuellement les établissements scolaires sans aucune orientation vers la formation professionnelle.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Ces élèves sont, généralement, des exclus en quatrième année moyenne ou troisième année secondaire. Mais pas que. Un grand nombre d’entre eux sont des élèves ayant décidé eux-mêmes d’abandonner l’école pour des raisons multiples.
Cette année encore, le problème de redoublement, notamment à la troisième année secondaire, a mis la ministre de l’Education dans l’embarras. Benghabrit a dû faire face au manque de places pédagogiques, d’un côté, et le mécontentement des élèves et de leurs parents, de l’autre. La ministre, qui a fixé des modalités de redoublement, a fait appel à des conseils de classes extraordinaires pour étudier les dossiers des élèves et trancher les cas pouvant redoubler. La première responsable du secteur est consciente du problème de l’absence d’orientation. D’autant que, chaque année, la moitié des élèves qui passent le bac échouent. D’ailleurs, selon les estimations de Boualem Ammoura, président du Satef, l’exclusion dans les établissements touche 600 000 élèves annuellement. Ce nombre compte aussi bien les exclusions décidées par les responsables des établissements scolaires que les abandons décidés par les élèves eux-mêmes, soit la déperdition scolaire. Le taux de redoublement, aussi, en première année moyenne et première année secondaire est de 30% par an. Pour lutter contre le phénomène des élèves qui finissent dans la rue en l’absence d’une orientation professionnelle, la ministre de l’Education nationale s’est réunie, dimanche, avec les inspecteurs et les conseillers de l’orientation et de la guidance scolaires et professionnelles. L’objectif était d’étudier comment mieux orienter les élèves selon leurs compétences.
La ministre de l’Education a décidé de mettre en place un groupe de travail qui étudiera l’organisation des centres d’orientation et de guidance scolaires et professionnelles. Elle a décidé aussi de l’actualisation des procédures liées à l’orientation et de guidance scolaires et professionnelles. Selon Boualem Ammoura, le problème de l’orientation ne concerne pas uniquement le département de l’éducation. C’est un problème d’Etat, selon lui, qui doit impliquer aussi bien le ministère de l’Enseignement et de la Formation professionnels, que ceux des Finances et du Tourisme. «Jusque-là, un élève exclu à 16 ans est orienté dans son bulletin scolaire vers la vie active et non vers la formation professionnelle, cela se passe sans aucune orientation ni accompagnement, ce n’est pas une solution. L’orientation de ces élèves doit se faire comme l’orientation des élèves vers le lycée, selon leurs compétences. Les exclus des établissements scolaires n’arrivent pas toujours à trouver une place dans les instituts de formation professionnelle, c’est pourquoi les autres départements doivent également s’impliquer pour dégager des places. Où vont aller les 50% d’élèves ayant échoué au bac, à part dans la rue, en l’absence des instituts et de filières adéquates ? Sans oublier le taux énorme des déperditions scolaires», souligne le syndicaliste. M. Amoura estime, cependant, que l’initiative de la ministre de l’Education est «une bonne chose, à condition que cela ne reste pas au stade de commissions et qu’elle réussisse à faire aboutir ses recommandations». Selon lui, plusieurs journées d’études sur l’orientation scolaire ont été déjà organisées. Sur le terrain, regrette-t-il, rien n’a encore abouti.
S. A.