Confronté à des actes de plus en plus nombreux d’agression contre les imams, le ministre des Affaires religieuses veut protéger ses fonctionnaires.
Dans plusieurs messages publiés sur les réseaux sociaux, Mohamed Aïssa a indiqué que son département protégera les imams. Un engagement rappelé hier lors d’une activité à Alger. Le ministre des Affaires religieuses, qui a refusé récemment de renouveler les comités des mosquées, a annoncé que son département va “se constituer partie civile” si des imams déposent plainte.
Il a ainsi encouragé l’imam de Skikda, agressé physiquement par des fondamentalistes, à saisir la justice. “En application des directives du ministère des Affaires religieuses, nous avons déposé plainte au tribunal de Chlef contre ceux qui ont agressé l’imam de la mosquée Omar-Ben El-Khattab de la commune de Tadjenna, alors qu’il accomplissait ses missions de premier responsable de la mosquée”, a écrit, dans une autre adresse, le ministre, qui donne des instructions claires aux responsables de son secteur au niveau local, afin d’aller déposer plainte en cas d’agression contre des imams. Hier, Mohamed Aïssa a rappelé que les deux actes cités plus haut ne sont pas des exceptions. “J’ai moi-même reçu 23 plaintes pour agression.” Les plaintes sont venues des imams. “Je vais constituer une commission pour enquêter sur la question”, a précisé le ministre, qui s’exprimait, hier, à Tipasa, lors de la clôture des activités de “la saison culturelle islamique”. “Nous avons des articles dans le code pénal qui protègent les imams”, a ajouté Mohamed Aïssa, dont les déclarations ont été reprises par des médias. Le ministre a précisé qu’il a évoqué le sujet avec son homologue de la Justice, Tayeb Louh.
Dans une récente déclaration, le ministre des Affaires religieuses a désigné les radicaux comme étant derrière ces agressions contre les imams. Hier, Mohamed Aïssa a été encore plus précis dans ses accusations. Il a évoqué des idées “qui ont permis à leurs promoteurs d’avoir une notoriété à l’étranger”. Mais “ces idées constituent un danger pour nos enfants”, a accusé le ministre qui fait référence aux salafistes.
Depuis quelques mois, le ministre des Affaires religieuses, visiblement appuyé par le gouvernement, mène un combat contre le courant salafiste. Il avait récemment interpellé, publiquement, Mohamed-Ali Ferkous, un des représentant de l’aile madkhalie — l’une des plus radicales du wahhabisme — en Algérie. Les partisans de cette doctrine très obscurantiste tenteraient, selon le ministre, d’occuper les prêchoirs des mosquées pour “défendre leurs idées”.
Cela est l’œuvre “d’extrémistes qui ont réussi à infiltrer des groupes qui étaient, initialement, pacifistes”, avait-il écrit. Le ministre avait accusé ces salafistes de vouloir profiter des mosquées pour endoctriner les jeunes. C’est ce qu’ils faisaient dans les années 1990 dans le Head Park de Londres et même dans des mosquées en Algérie. Mais “aucune des mosquées du pays ne deviendra Head Park… Les mosquées de la République seront protégées par la République”, avait promis le ministre.
Ali Boukhlef