Ils sont près de 15 000 médecins algériens à avoir fait le choix de quitter l’Algérie pour exercer sous d’autres cieux. Un nombre appelé à augmenter sensiblement. Une vague de départs inédite touche les jeunes spécialistes notamment. Le Conseil de l’Ordre des médecins fait porter la responsabilité de cette «hémorragie» aux pouvoirs publics.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Au moment où la France annonçait des mesures de facilitation d’octroi des visas aux médecins algériens, c’est au tour de l’Allemagne de lancer un appel aux médecins algériens. Résultat : les demandes de certificat de bonne conduite explosent.
Les jeunes spécialistes n’ont qu’une seule idée : partir. Le président du Conseil de l’Ordre n’hésite pas à évoquer une «hémorragie».
La fuite des cerveaux, explique le Dr Bekkat, a toujours existé mais on assiste, dit-il, à une «migration forcée des jeunes spécialistes». Les raisons ? Ils ont, dit-il, perdu espoir de pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions socioprofessionnelles. Leurs préoccupations, dit-il, vont au-delà du salaire puisqu’il s’agit des conditions d’exercice de la profession qui ne sont pas réunies. Il ajoute que les médecins spécialistes, notamment, ont cette impression d’être déconsidérés.
Le récent mouvement de protestation des médecins résidents n’est pas étranger à cette vague de départs.
Les pouvoirs publics, en ignorant totalement les revendications des résidents et en versant dans le mépris, ont lancé un signal qui a vite été décodé par les concernés.
Pour le Dr Bekkat, les pouvoirs publics sont les premiers responsables de cette situation. Ils ont, dit-il, ignoré le devenir des jeunes médecins. Le président du Conseil de l’Ordre des médecins rappelle qu’il avait tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Si rien n’est fait, dit-il, «on continuera à provoquer des départs».
Le Dr Bekkat regrette que l’actuelle administration au ministère de la Santé ait ignoré le conflit des résidents et aujourd’hui reste insensible au départ massif des médecins. La solution ? Ouvrir les canaux de dialogue en urgence, recommande le Dr Bekkat qui propose la tenue d’un conseil interministériel dédié au sort des jeunes médecins en présence de leurs réels représentants pour, non seulement les écouter, mais surtout proposer des alternatives à même de rendre un peu d’espoir aux médecins.
Dans le cas contraire, avertit le président du Conseil de l’Ordre des médecins, l’hémorragie risque de continuer et l’Algérie formera encore pour les autres pays.
Le dialogue est à l’heure actuelle, dit-il, la seule alternative pour redéfinir l’avenir des jeunes générations dans un système de santé qu’il qualifie de défaillant.
N. I.