Publié par Salima Akkouche
Un panel d’experts nationaux et internationaux s’est réuni samedi à Alger pour parler de l’urbanisme à Alger.
L’objectif n’est pas de changer ce qui existe actuellement, mais le débat se veut un espace d’échange d’idées sur comment bâtir le nouvel Alger au-delà de 2030. A l’initiative des architectes Sihem et Nacym Baghli, cette rencontre était l’occasion de présenter le projet Djisr El Djazaïr, dont l’idée est de relier les deux extrémités de la baie d’Alger.
L’idée est peut-être folle, utopique même pour certains, mais le projet de construire un pont reliant les deux extrémités de la Baie d’Alger, Tamentfoust à Kettani, à Bab-el-Oued, en passant par le Jardin d’Essai, est bel et bien réalisable pour les architectes présents samedi lors d’une conférence intitulée la Rencontre d’Alger. Nacym Baghli, l’un des deux initiateurs du projet, ne veut, d’ailleurs, pas que l’on associe son projet à simplement du béton mais bien au-delà.
L’idée est beaucoup plus large et complexe. Le projet Djisr El Djazaïr, dit-il, est un vecteur social et économique de bien vivre ensemble. Il imagine à travers son projet, la ville future d’Alger, une ville que l’on aimerait admirer, dit-il. Une ville qui ne doit pas non plus, selon lui, être en décalage avec le monde 2.0 que nous vivons. D’ailleurs, selon les estimations, d’ici 2050 la population en milieu urbain sera de 75% contre 55% actuellement. Il faut donc, suggèrent les architectes, conviés à cette rencontre, réfléchir à la manière dont il faudra gérer la ville. D’autant que, relèvent-ils, les instruments d’urbanisme utilisés actuellement ont été inventés dans les années 1960. L’ambition de ce panel d’architectes c’est de proposer de nouvelles idées urbaines innovatrices.
Selon l’un des architectes présents à cette conférence, lorsqu’on regarde Alger actuellement on aperçoit du désordre. «Il est impossible d’ordonner cet espace, mais il faut construire», suggère-t-il. Les pouvoirs publics ont-ils donné leur accord pour ce projet ?
Nacym Baghli avoue avoir eu le soutien moral de la Wilaya d’Alger. «C’est un projet de société qui est long et laborieux mais qui ne peut être porté que par l’Etat, c’est un projet de souveraineté nationale», a déclaré M. Baghli. En plus d’être complexe, le projet nécessite un financement important. Le couple initiateur n’a pas donné d’estimation. Ils ont souligné que le projet sera réalisé en plusieurs phases et proposent à ce qu’il y ait des partenariats publics-privés pour pouvoir mener à bout ce projet. Cependant, soulignent-ils, les retombées économiques du projet sont tout aussi importantes. «Nous nous ne voulons pas nous précipiter, nous voulons prendre notre temps, nous sommes encore au stade d’idées, nous voulons créer un débat, d’ailleurs nous avons lancé un concours d’idées pour des solutions innovantes où l’on peut se projeter dans le futur, où nous avons eu 400 inscrits de 55 nationalités», a souligné M. Baghli qui dit que son projet peut être réalisé en cinq ans. «La réalisation est très facile, le problème c’est la réflexion», dit-il.
Djisr El Djazaïr est un pont imaginé en Y dont le premier tronçon s’étale sur 10 km et le deuxième sur 7 km. L’accès est autorisé pour les véhicules légers, mi-lourds, deux-roues, tramway, véhicules de sécurité et de service. Il compte deux voies centrales et une voie d’urgence avec 4 passerelles piétonnières et des îles flottantes.