Hier territoire de transit vers l’Europe, l’Algérie est désormais devenue un pays où 70% des immigrants clandestins se fixent de manière définitive. L’information a été révélée hier par le colonel Abdelssalem Zeghida, chef du département de la police judiciaire au commandement de la Gendarmerie nationale.
C’était à l’occasion de la journée parlementaire relative «à la protection de l’économie nationale et à la lutte contre les diverses formes de crime organisé transfrontalier». Journée organisée à l’initiative de la commission de défense de l’APN en collaboration avec le département de la formation et des études législatives de la chambre basse du Parlement.
La fixation de ces immigrants dans notre pays s’explique, selon le colonel, par le durcissement de la législation sur l’immigration dans l’Union européenne, la généralisation de l’espace Schengen et la crise financière mondiale qui a mis nombre de pays occidentaux dans une situation de récession.
Mais aussi par l’embellie dont jouit l’Algérie depuis quelques années, avec tout ce que cela implique, pour ces clandestins, comme débouchés en termes d’emplois qu’ils ne trouvent plus dans leurs pays. Ils viennent surtout du Mali et du Niger.
Les moins jeunes préfèrent tenter leur chance dans un des pays européens, tandis que les plus âgés préfèrent se stabiliser en Algérie, jugeant qu’ils ne se sentent plus la force de vivre la galère avant de se fixer.
Toujours selon M. Zeghida, ce sont 48 nationalités qui transitent par notre pays, dont des Asiatiques. L’intervenant a mis en exergue le fait que cette immigration constitue une véritable menace pour la sécurité publique de l’Algérie, tant il est vrai que la connexion entre ce phénomène et le trafic de drogue, la contrebande, la fausse monnaie et les faux documents a été largement établie.
Ce n’est pas tout, l’officier de la gendarmerie nous apprendra que ces immigrés (pour l’écrasante majorité des Africains) véhiculent des maladies graves. Cela sans oublier leur implication dans la délinquance. En ce sens qu’ils s’organisent en groupes pour racketter et agresser les citoyens.
Le conférencier s’étalera quelque peu sur les mesures mises en place pour endiguer ce phénomène à travers notamment l’instauration de la prise des empreintes digitales pour éviter la récidive. Auquel cas, le système des empreintes pourrait identifier le récidiviste qui se présenterait sous un autre nom, et par là même identifier le circuit et l’acheminement des clandestins.
A propos des migrants asiatiques, il s’agit notamment des Chinois, dont 26% se fixent en Algérie et ne retournent pas chez eux après expiration de leur titre de séjour ou leur contrat de travail.
Certains d’entre eux se munissent de passeports spéciaux, turcs, singapouriens et malaisiens. Des documents de voyage qui ne sont pas soumis à l’obtention de visa ni pour l’Union européenne ni pour l’Algérie.
Les conférenciers ont révélé qu’entre 2006 et 2009, 29 463 migrants clandestins ont été soit expulsés, soit reconduits aux frontières. Revenant sur les jeunes nationaux, qu’on appelle communément les «harraga», les conférenciers qui se sont succédé à la tribune ont expliqué que ce sont en général des personnes ayant sollicité la délivrance d’un visa et auxquels il a été refusé qui tentent l’aventure à travers la mer.
Ils représentent 62% des postulants. Ce sont aussi dans leur majorité des sans-emploi qui veulent gagner leur pain sous d’autres cieux, qu’ils estiment plus cléments. Toutefois, aussi bien la gendarmerie que la police nationale jugent qu’il ne faut pas tout le temps adopter des mesures répressives contre ces personnes.
La prévention est le meilleur remède qu’on puisse prodiguer à ce genre de phénomène. Cela à travers la prise en charge réelle de nos jeunes concitoyens en termes de création d’emplois et d’amélioration des conditions de vie. Et surtout à travers l’ouverture sur la société et l’établissement de passerelles de communication.