L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a récemment publié un rapport mettant en lumière les chiffres de l’immigration en France. Ce document, le premier en 10 ans, dresse un large panorama de l’immigration dans le pays. Le rapport révèle que le nombre d’immigrés a recommencé à augmenter suite à la pandémie du Coronavirus, qui avait entraîné la fermeture des frontières et la réduction de l’octroi de visas pour les étrangers.
Selon l’Insee, les immigrés représentaient 10% de la population française en 2021, soit environ sept millions de personnes. Le rapport indique que près de la moitié des ressortissants étrangers arrivés en France sont nés en Afrique (47,5%), tandis que 31,1% viennent d’Europe, 13,6% d’Asie, et 5,8% d’Amérique et d’Océanie.
Focus sur l’immigration algérienne en France
Le rapport de l’Insee montre également une stabilité de l’immigration en provenance du Maghreb depuis les années 1980. Les ressortissants étrangers des trois pays maghrébins représentent 30% des immigrés vivant en France. L’immigration algérienne est l’une des trois plus importantes, aux côtés de la marocaine et de la portugaise.
Les immigrés algériens représentent 12,7% de la population immigrée en France. Les autres pays de naissance les plus fréquents sont le Maroc (12%), le Portugal (8,6%), la Tunisie (4,5%), l’Italie (4,1%), la Turquie (3,6%) et l’Espagne (3,5%).
En 2021, le sol français comptait donc 1118 milliers d’immigrés d’origine algérienne les plaçant ainsi en tête de liste des pays africains, suivis de la Tunisie et du Maroc, qui regroupent à eux deux 1327 milliers.
L’Insee souligne enfin que la majorité des immigrés ont acquis la nationalité française, avec 36% de ressortissants étrangers ayant obtenu la nationalité en 2021. La plupart de ces derniers sont principalement basés dans la région parisienne
Selon Sylvie Le Minez, chef des études démographiques à l’Insee, bien que la croissance de l’immigration ait été plus forte ces dernières années, la France se situe dans la moyenne européenne, derrière des pays tels que l’Allemagne ou l’Espagne.
Immigrés en France : niveau de vie et emploi
Les inégalités entre les immigrés et le reste de la population sont criantes sur le marché du travail en France. En 2021, le taux de chômage chez les immigrés non-européens s’élevait à 13%, contre 8% pour l’ensemble de la population. De plus, les immigrés ont des niveaux de salaires plus faibles et des emplois moins qualifiés. Ces constats s’appliquent également aux femmes immigrées, dont le taux d’activité est inférieur de 10 points à celui des femmes non-immigrées.
Ces écarts tendent à diminuer chez la deuxième génération d’immigrés, dont les niveaux d’éducation sont comparables à ceux de la population générale. Toutefois, ces descendants d’immigrés ont tendance à se sentir plus souvent victimes de discriminations que leurs aînés.
En outre, le niveau de vie moyen des immigrés en France est inférieur de 22% à celui du reste de la population, selon l’Insee. Ils sont moins souvent propriétaires de leur logement (seul un immigré sur trois l’est) et sont proportionnellement plus nombreux à vivre dans un logement « sur-occupé ». Enfin, les immigrés sont trois fois plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté monétaire que le reste de la population.
Ces inégalités sont particulièrement flagrantes en ce qui concerne les quartiers prioritaires de la politique de ville. En effet, 23% des immigrés y vivent, alors que cette proportion tombe à 3% pour le reste de la population. Cette situation est inacceptable et nécessite une action publique forte pour la réduire. En effet, la diversité est une richesse pour notre société et il est crucial que tous les individus, quelles que soient leurs origines, puissent bénéficier des mêmes opportunités et des mêmes chances dans la vie.