Avec un salaire moyen mensuel estimé à 30 000 DA, il est devenu difficile de subvenir aux besoins les plus élémentaires d’une famille modeste.
La vie est devenue de plus en plus chère pour la majorité des Algériens. Le pouvoir d’achat en Algérie subit une dégradation continue depuis plusieurs décennies. Les méfaits de la crise à laquelle est confronté le pays a eu un impact négatif sur le quotidien surtout du citoyen au revenu modeste.
La décélération de la croissance et l’inflation enregistrées actuellement par l’économie nationale ont réduit les capacités de cette frange de la société à s’offrir les produits de large consommation compte tenu de la hausse inexorable des prix pratiqués sur le marché. Un fonctionnaire ayant un salaire moyen ne peut faire face aux dépenses de tous les membres de sa famille. Ses difficultés durant le mois de Ramadhan à remplir son couffin du strict minimum d’aliments indispensables illustre parfaitement l’érosion de son pouvoir d’achat.
Les tarifs des produits et des services ont connu une hausse considérable ces dernières années. L’on peut citer l’exemple des prix des fruits et légumes, pourtant de saison, qui ont connu une flambée atteignant parfois les 100%. La consultation chez un médecin spécialiste qui était fixée entre 1 000 et 1 500 DA, il y a à peine quelques années, est proposée de nos jours à 2 000, voire à 2 500 DA. Même les produits subventionnés ne sont paradoxalement pas vendus à leur juste prix. Si la courbe des prix des produits alimentaires très prisés a suivi une tendance haussière, celle des salaires, en revanche, a stagné depuis 2012. Et la dévaluation du dinar n’a fait qu’aggraver la situation.
Si le gouvernement n’est pas en mesure, en ce moment, de procéder à une augmentation des salaires, il devrait être, au moins, capable de préserver le pouvoir d’achat des citoyens, notamment ceux des couches sociales les plus défavorisées. Sinon, un “salaire digne”, tel que le conçoit l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), ne doit pas être au-dessous de 60 000 DA par famille de cinq membres. Cette paie permettra un peu aux ménages de s’assurer un seuil minimal de denrées alimentaires et quelques soins de santé. Mais, l’on ne doit pas penser à faire des économies ou évoquer d’autres dépenses liées aux loisirs ou réaliser des projets… Or, l’Algérien perçoit en moyenne un salaire estimé à 30 000 DA. Une rémunération qui ne peut lui garantir des conditions de vie acceptables.
Entre les dépenses des diverses fêtes et autres événements, tels que le mois sacré, la saison estivale, la rentrée sociale, les familles algériennes aux bourses moyennes subissent une véritable saignée. D’autres observateurs estiment qu’un salaire moyen ne peut plus couvrir les dépenses des ménages. Pour pouvoir subvenir aux besoins essentiels de sa famille et vivre de manière plus au moins décente, l’Algérien doit bénéficier, selon eux, d’un revenu mensuel qui avoisinerait les 76 000 DA. D’aucuns partagent un seul et même constat : l’Algérie est considérée comme un pays riche avec un matelas en devises d’environ 80 milliards de dollars alors que sa population est de plus en plus pauvre, car 70% des salariés perçoivent moins de 20 000 DA par mois et consacrent plus de 80% de ce modeste revenu aux biens de première nécessité…
Par ailleurs, le pouvoir d’achat n’est plus uniquement une question de satisfaction de besoins élémentaires de citoyens, mais il risque aussi de devenir un véritable problème de santé publique. Car, si l’on se réfère à ses recommandations, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) préconise la diversification dans la nourriture. Or, les habitudes alimentaires de notre pays, conjuguées à une incapacité à s’offrir certains produits alimentaires à cause de leurs prix excessifs, font que les menus des Algériens ne sont ni riches ni diversifiés.
B. K.